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The Métropolitain La crise d’Octobre: l’arbre qui nous cache la forêt
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La crise d’Octobre: l’arbre qui nous cache la forêt

Par Pierre K. Malouf le 4 novembre 2010

Déjà quarante ans ! Il fallait commémorer la crise d’Octobre. Les journaux, la télé, la radio ont fait oeuvre utile. Les survivants ont révisé leurs rôles, raccommodé leurs costumes, retouché leur maquillage, puis, devant un vaste parterre de journalistes et de commentateurs brandissant micros et caméras, ont récité et mimé des bribes de la tragédie qu’ils avaient improvisée il y a quarante ans.  Quiconque a vécu ces événements et lu ce qui s’est dit et publié ensuite, ressort de l’exercice de cet automne avec une impression de déjà-vu. Pour ne parler que d’eux, que nous ont dit Jacques Lanctôt, Paul Rose, Robert Comeau, Marc Lalonde, Jérôme Choquette,  Julien Giguère que nous ne savions déjà ? Qu’ont découvert les journalistes ? Quelles nouvelles pistes d’interprétation les commentateurs ont-ils tracées?

Rien d’inédit n’a donc surgi de l’oubli. L’existence de l’enregistrement de la conversation entre Robert Lemieux et  Jacques Rose, où ce dernier affirmait que son frère Paul était absent au moment de la mort de Pierre Laporte, nous avait déjà été révélée en 2006 par Carl Leblanc dans son livre  Le personnage secondaire (1).  Nous savons maintenant, grâce à Guy Gendron,  que Laporte a été étranglé au moment où on allait l’enfermer dans le coffre de la Chevrolet. Voilà qui ne change rien à tout ce beau gâchis. Mathieu Bock-Côté frappe dans le mille quand il écrit : « Il faut en revenir avec cette idée simple : Pierre Laporte ne serait pas mort si on ne l’avait pas kidnappé». 

laporte_funeral.jpgLa crise d’Octobre ne fut que le plus sinistre des coups de théâtre d’une saga dont le lever de rideau avait eu lieu en  1963 et qui n’allait prendre fin qu’au début des années 80 avec la dissolution de partis d’extrême gauche qui, sans poser de bombes ni kidnapper de bourgeois, avaient repris le flambeau de la Révolution et préparaient, par la méthode dite de l’agit-prop, le soulèvement armé de la classe ouvrière.  L’histoire du FLQ et celle de En lutte! et du Parti communiste ouvrier (PCO), sans parler de la nuée de groupes et groupuscules révolutionnaires crées à la même époque, se situent dans un continuum historique dont le fil conducteur est un rejet radical de l’ordre politique, économique et social de la société libérale. Soit, les felquistes visaient un double objectif, relié ou non par un trait d’union : l’indépendance ET le socialisme;  soit, les marxistes-léninistes des années 70 et 80 travaillaient à l’avènement d’un régime socialiste coast to coast.  L’abandon de l’idéal nationaliste par les extrémistes qui succédèrent au FLQ prouve seulement que le projet indépendantiste était davantage soluble dans la démocratie que ne l’était le projet socialiste. Cas exemplaires,  les ex-felquistes Vallières et Gagnon, optèrent respectivement, après le fiasco d’Octobre, le premier pour l’action démocratique en vue de réaliser d’abord l’indépendance du Québec, plus tard le socialisme; le second pour la subversion marxiste-léniniste dans une optique pan-canadienne. Le premier adhéra au PQ, le second fonda En lutte !  

paul_rose.jpgDans l’histoire du socialisme comme projet de société susceptible de rassembler les ennemis du libéralisme, le principal mérite de Charles Gagnon, comme d’ailleurs celui  de Roger Rashi, leader du PCO, c’est d’avoir joué franc jeu. Ils n’ont jamais prétendu que le monde qu’ils préparaient pouvait être autre chose qu’une dictature du prolétariat avec, à la clef, camps de rééducation et exécutions massives le cas échéant. Ces deux joyeuses perspectives étaient implicites, sinon explicites. L’idéal de ces messieurs et de leurs troupes, c’était  la Chine de Mao ou l’Albanie de Enver Hodja. Tous les socialistes n’étaient pas  aussi limpides.  Par exemple, à partir de 1965 sous  la présidence de Marcel Pepin, la CSN  adopta un discours de plus en plus radical à saveur, odeur et texture marxiste. 

Dans la pratique, il n’y eut jamais  de cloison étanche entre les deux tendances que je viens d’esquisser. Les tactiques et les stratégies des totalitaires assumés pouvaient différer de celles des «modérés», mais leurs discours critiques était interchangeables. Ainsi, dès 1965, on pouvait lire dans Le Travail, organe officiel de la CSN : «Pour la CSN, et cela depuis très longtemps, la démocratie politique n’a toujours été qu’une démocratie apparente (2) ». En 66, dans son bilan de la première année d’activité de Marcel Pepin et de Robert sauvé (respectivement président et secrétaire exécutif de la Centrale), Pierre Vadeboncoeur écrivit qu’ils s’étaient jusqu’ici «attachés  à explorer de nouvelles formules d’action, d’une part, et à essayer de dégager davantage la vocation révolutionnaire du mouvement. (3)». 

Ce n’était qu’un début...  Ainsi, un certain Michel Chartrand ne douta pas un instant qu’il prêchait la bonne  parole et se trouvait du côté des  petits et des sans grade quand il jappa, lors de l’Assemblée du 14 octobre 1970  qui réunissait au Centre Paul-Sauvé 3000 sympathisants felquistes :  «On avait un ministre du chômage qui faisait rien, alors y peut pas nuire là où il est !»

Chartrand ne faisait pas partie de ces timorés, et ils étaient nombreux, qui désapprouvaient les méthodes du FLQ tout en comprenant leurs motifs et partageant leurs objectifs. Lui, il soutenait quiconque visait le même but que lui : la destruction du capitalisme. L’enlèvement et la détention de Laporte, il n’y trouvait rien à redire. Je suppose que sa mort ne lui causa pas grand peine.  On prétend en certains milieux que Chartrand  était un humaniste. Il paraît que Falardeau aussi...  

Entre ceux qui exercent la violence et ceux qui l’approuvent à grands coups de gueule, lesquels vous paraissent les plus méprisables ? Moi, mon choix est fait.  

(1) Éditions Boréal 

(2) Anonyme, «Qui est Pépin», Le Travail, juin 1965

(3) Pierre Vadeboncoeur, «1965. On embraye 1966. On fonce » Le Travail, février 1966.