Ma couverture de cette campagne a commencé d’un drôle de manière. Nous (la délégation) étudiante du CIPUF avons eu droit à une escale forcée au bureau des douaniers au poste frontalier de Champlain. Le douanier en charge de l’inspection n’a pas apprécié que parmi la vingtaine d’étudiants de la délégation, certains avaient des passeports provenant de la France et de la Belgique.
Arrivé à l’intérieur du poste frontalier, nous avons du nous enregistrer au comptoir pour subir l’interrogation de base. Nom ?, âge? , lieu de résidence?, pourquoi venez-vous aux États-Unis ?
Bref, des questions sans conséquences. Il y avait donc des réponses sans conséquences. Toutefois, mon attention a été retenue sur la conversation entre mon collègue et une des douanières au comptoir.
-Pourquoi êtes-vous venu voir les élections ?
-C’est un événement historique.
- Je ne vois pas ce qu’il y a pas d’historique la dedans, lui répond t-elle sèchement
Mon collègue reste abasourdi. Comment l’élection du premier président noir, du plus vieux président ou de la première femme vice-présidente ne serait pas historique ?
Dans tous les cas, cette élection allait changer le cours de l’histoire. Plus encore, elle poursuivi en disant : Je ne vois pas ce qu’il y a de spécial à cet élection. Nous allons voter dans l’isoloir et ensuite nous couchons.
J’étais sidérée et estomaqué de cette réplique. Était-ce si banal que ça ? Après 200 ans de lutte, des guerres et d’autodétermination, était –ce là l’aboutissement du vote ? Quoi dire de No taxation without representation ?
Bref, les américains, me fascinaient encore une fois de plus. Le pays de l’Oncle Sam était rempli de paradoxes, de contradictions et de relation haine-mépris. Après toutes ces campagnes publicitaires, ses messages et ses personnalités publiques votant l’exercice électoral, serait possible qu’un faible noyau de la population soit encore pris dans un défaitisme absolu ?
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Mais, finallement, le 4 novembre nous avons assisté à une page d’histoire importante. Pour la première fois, les électeurs américains, ont choisi de faire confiance à un afro-américain pour diriger le pays.
L’un des éléments clés de la victoire d’Obama est qu’il a su s’adressé aux américains en soulignant qu’il fait aussi parti de cette nation. Dans la plupart des débats, des discours ou moments forts de la campagne, Barack a su montrer ce sentiment patriotique nouveau. Il refuse de se catégoriser par le conflit culturel d’être noir ou blanc. Il s’identifie comme un américain d’abord et avant tout. Cela est un geste plutôt ordinaire à première vue. Cependant, dans un contexte actuel ou l’anti américanisme est profond, cela représente une volonté de redorer l’image de ce qu’est l’Amérique aux yeux du monde.
Aujourd’hui l’américain n’est plus cette image d’un homme blanc protestant (WASP). C’est plus que cela. Aujourd’hui, être américain, c’est être de descendance dominicaine à Harlem ou résider à Portland. Il est asiatique de deuxièmes ou troisième génération et vit à Philadelphie. Bref, l’Amérique est une des nations les plus inclusives qui soient sur la surface de la planète. Cela se voit, se vit et s’imprègne dans la mentalité commune des américains.
À New York, ce fut la frénésie la plus totale. De Time Square à Harlem, les New Yorkais de tout âge se rassemblent dans des bars, des cafés ou sur des grandes places publiques pour manifester leur joie. Certains pleurent de joie alors que d’autres trinquent à la santé du nouveau président élu. De toutes les classes, cultures, milieux et origines, des américains ordinaires ont réalisé qu’il était enfin possible de choisir une personne pour ce qu’il est et non pas pour ce qu’il n’est pas.
Times Square et Harlem sont à des kilomètres l’un de l’autre. Pourtant, ces deux points de célébrations vivaient un événement commun. Celui de la victoire d’un américain qui a une vision de changement. Une vision de redonner confiance aux américains blasées par le système. Une vision de redonner à une nation ses lettres de noblesse.
Cette victoire d’Obama semble être le début d’un temps nouveau. Pour beaucoup d’américains, ceci est la concrétisation du mythe que le rêve américain est toujours possible. Aujourd’hui, le célèbre discours de Martin Luther King a pris tout son sens. Son rêve est devenu réalité.
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