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The Métropolitain La triste réalité
The Métropolitain

La triste réalité

Par Pierre K. Malouf le 23 avril 2010

La popularité du gouvernement est au plus bas. Il y a à cela d’excellentes raisons. Il y en a de très mauvaises. Parmi ces dernières, en voici une qui saute aux yeux : le dernier budget du ministre Bachand. Les Québécois sont décidément incapables de voir la réalité en face. 

Tant qu’à se faire honnir par 80  % de la population, pourquoi Jean Charest n’a-il pas visé plus haut ? Aurait-il provoqué plus de grogne s’il avait appliqué dès maintenant une mesure qui deviendra bientôt nécessaire, c’est-à-dire la hausse des frais de garderie dans les CPE ?  Le gouvernement serait désapprouvé par 95% des Québécois que ça changerait quoi à la situation ? Il n’y aura d’élections que dans trois ans à ce que je sache! À propos... si en remettant à plus tard l’augmentation des frais de garderie afin de  ménager en 2010 cette fraction de l’électorat qui est constituée de jeunes familles le gouvernement croyait assurer sa réélection en 2013 ou 2014,  il s’est fourré le doigt dans l’oeil jusqu’au coude.  Jean Charest se met la population à dos quand il prend de mauvaises décisions, il aggrave son cas quand il en prend de bonnes.  

Bien sûr,  à part cette inexplicable reculade quant aux frais de garderie, le budget comporte des mesures contestables: l’impôt sur la santé applicable à tous les contribuables et le projet de ticket modérateur. Cela dit, les doutes les plus légitimes portent sur la promesse du gouvernement de resserrer sa gestion des finances publiques. À cet égard il est certes permis d’être sceptique.  Supposons néanmoins que le gouvernement puisse atteindre ses objectifs. Qui paiera la note ? Réponse : les employés de la fonction publique. Veuillez m’en croire, je suis loin de m’en réjouir. Les fonctionnaires québécois ne sont pas des «gras durs». Des procureurs de la couronne jusqu’aux ingénieurs en passant par les pharmaciens et les concierges, les employés de l’État québécois sont moins bien traités que leurs confrères des autres provinces. On a beaucoup parlé du sort des infirmières, je m’attarderai sur celui des enseignants.

Le salaire à l’embauche d’un enseignant québécois était de 39179 $ en septembre 2009. Après cinq ans, un enseignant gagne 48213 $. Il lui faut quinze ans pour atteindre le plafond salarial,  qui est de 70 352 dollars. À titre de comparaison, au Nouveau-Brunswick un débutant gagne 45511 $, en Ontario 47826 $. Dans ces deux provinces le plafond salarial est respectivement de 70180 et de 84470 dollars. L’État des finances publiques étant ce qu’il est, sera-t-il possible de hausser le salaire des enseignants québécois de manière à ce qu’ils rejoignent la moyenne canadienne ? 

La réponse est non. Les enseignants, qui ont déjà vu leur pouvoir d’achat diminuer de 5% depuis 1999, ne peuvent compter sur aucun rattrapage, à fortiori sur aucune amélioration. 

On ne peut comparer le travail effectué par un chauffeur d’autobus à la tâche d’un enseignant. Les deux métiers sont aussi respectables l’un que l’autre. Mais notons quand même qu’à la STM un chauffeur  gagne à l’embauche environ 10000 $ de plus  qu’un enseignant et qu’il atteint le maximum salarial en 5 ans. Ce maximum est certes inférieur à celui d’un enseignant, mais il est de notoriété publique que de très nombreux chauffeurs gagnent plus de 100000 $ en effectuant des heures supplémentaires.  Les enseignants québécois pourraient-ils gagner davantage en prolongeant leurs heures de travail ou  en abrégeant leurs vacances ?

La réponse est non. Les heures supplémentaires des enseignants sont bien réelles, mais difficilement mesurables, car le plus souvent effectuées à la maison. Et qu’on se le dise, aucun enseignant ne pourrait échapper à  l’épuisement si ses vacances étaient écourtées. J’en sais quelque chose,  j’ai enseigné à l’école primaire pendant 33 ans. Abréger les vacances des enseignants (même en augmentant les salaires en proportion) aurait pour première conséquence de provoquer la démission de la moitié d’entre eux.   

La question des salaires étant réglée, les enseignants québécois peuvent-ils espérer que leurs conditions de travail seront améliorées?  À la fin du dernier conseil général de son parti Jean Charest a déclaré qu’il entendait «revoir la question de l’intégration des élèves en difficultés». On le sait,  les politiques d’intégration des élèves en difficultés n’ont jamais eu pour objectif d’offrir aux élèves québécois de meilleurs services. En fait, le sabotage des «classes  spéciales» visait un seul but : la réduction des coûts. Les résultats sont désastreux. Il y aurait bien des histoires d’horreur à raconter. « On va chercher les meilleures solutions possibles», a dit le premier ministre. Le problème, c’est que ces solutions ne doivent rien coûter.

Les enseignants québécois ont raison de se plaindre. Ils pourront continuer, le gouvernement du Québec n’a rien à leur offrir.  Telle est la triste réalité.