Ce mois de juin marque le cinquantième anniversaire de l’élection du premier gouvernement de Jean Lesage. L’importance de cet événement va bien au-delà de la célébration des profonds changements apporter par Jean Lesage, elle signifie le début de la Révolution tranquille. Cette période représente une série de grands changements qu’a subis le Québec. Cette révolution apporta au Québec des transformations radicales sociales, culturelles, politiques, et économiques. Nul ne peut en douter que depuis cinquante ans le Québec a fondamentalement changé.
L’ampleur et l’importance de la Révolution tranquille pour le Québec est très bien citée. Par contre, ce qui est trop souvent ignoré est l’impact que la Révolution tranquille a eu pour le Canada. L’histoire démontre que ce grand mouvement de changement ne s’est pas limité au Québec mais qu’il a traversé ses frontières et a aussi provoqué une profonde redéfinition du Canada.
L’objectif principal de la Révolution tranquille était de changer le Québec pour enfin devenir « maîtres chez nous ». Ces mots qui provoquent une réaction émotionnelle forte chez les Québécois font référence au fait que les Francophones au Québec n’avaient pas les mêmes chances que les Anglophones de cette province francophone. La structure politico-économique faisait en sorte que les Francophones étaient sous le contrôle informel de la minorité anglophone.
La structure politico-économique québécoise avait aussi des répercussions à l’extérieur du Québec. Voyant que les Francophones n’étaient pas maîtres dans la seule province à majorité francophone, les Canadiens-français à travers le Canada n’étaient qu’un peuple minoritaire et étaient loin d’avoir les possibilités qui étaient offerte aux Canadiens-anglais. Le français, et son peuple, n’était que secondaire.
Cette réalité canadienne de la période pré-Révolution tranquille était contre les volontés originales qui ont menés à la création du Canada, à la Confédération. Le Canada à sa gésine devait être un pays où allait cohabiter deux peuples. Une coexistence de deux nations et de deux cultures qui devait créer un pays aux structures bilingues.
Mais l’histoire initiale ne s’écrirait pas de cette manière. Le Canada fut pour ses cents premières années essentiellement un pays anglophone avec une minorité francophone. De ce fait, si les membres de la minorité canadienne-française espéraient quelconque avancement personnel ils devaient apprendre l’anglais, vivre leur vies professionnelles en anglais, ainsi qu’espérer être accepté par la majorité anglophone. Les Canadiens-français se retrouvaient alors dans une situation minoritaire dans tous les sens. Et cette situation persista jusqu’à la Révolution tranquille.
Cette révolution a provoquée deux grands changements au Québec. Le premier fut de changer la structure politico-économique québécoise, donnant en sorte les outils nécessaires à une émancipation réelle des Francophones au Québec. L’autre grand changement était de mettre le français, et son avenir, à l’avant-plan de la nature même du Québec; relevant ainsi le statut du français.
Mais le fait que les Québécois se sont mis à promouvoir et à défendre la langue qui les caractérise a non seulement changé les dynamiques sociales au Québec mais a aussi incité de grands changements à travers le Canada, surtout à Ottawa. Pour les Québécois, le français ne pouvait plus reculer et ne pouvait plus prendre place arrière dans le gouvernement qui les représentait et qui devait être en leur image. L’accent qui fut mis sur le français par la Révolution tranquille au Québec défricha le chemin qui mena à la Loi sur les langues officielles; donnant alors au français le respect institutionnel et social pour qu’il puisse prendre sa juste place au Canada.
Il est certain que le français a encore du chemin à faire pour être parfaitement égal avec l’anglais au Canada, non seulement au niveau social mais aussi à celui de l’administration et de la gouvernance fédérale. Mais il est forcé d’admettre que le rôle et le statut du français, et de ce fait des Francophones, ont considérablement évolués. Cette nouvelle réalité canadienne est expressément due au réveil collectif que fut la Révolution tranquille. Le peuple québécois devint le défenseur de sa langue, comme il se devait, et rejeta son rôle d’assujetti et de seconde classe. La Révolution tranquille provoqua un sentiment collectif de revendications francophones. Ce changement d’attitude collectif et les revendications qui se sont suivis ont forcé le fédérale à donner une juste place au français; ils ont aussi provoqué ceux à l’extérieur du Québec de réaliser l’importance du français au Canada. Ainsi, le Canada devenait finalement se qu’il était conçu être, un pays réellement binational, biculturel et bilingue.
Malgré ce qui peut parfois paraitre comme des lenteurs ou même des obstacles à l’avancement du français au Canada, le pays à considérablement changé; et cela d’une façon qui ne serait pas possible sans la Révolution tranquille. Quand le Canada d’aujourd’hui est comparé avec celui d’il y a cinquante ans, il est facile et juste d’affirmer que la Révolution tranquille était une révolution bien plus que québécoise.
La Révolution tranquille a eu, et a encore, un long effet qui fut très large. Comme tout grand changement, son effet peut parfois être lent mais perdure. Et comme toute grande révolution, son influence porte bien plus loin que ces frontières originales.
Alors en cette année de commémoration, il ne faudrait pas oublier les changements qui ont eu lieu à l’extérieur du Québec et qui sont aussi directement liés à la Révolution tranquille. Ces changements forment aussi une partie intrinsèque et importante de l’histoire de la Révolution tranquille.