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The Métropolitain Le baby-boom, oui! Les «baby-boomers», non!
The Métropolitain

Le baby-boom, oui! Les «baby-boomers», non!

Par Pierre K. Malouf le 9 septembre 2010

Dans un article publié récemment, j’écrivais que les «baby-boomers» n’avaient pas participé à la Révolution tranquille, que les plus âgés d’entre eux, qui en 1960 venaient à peine de dépasser l’âge de la puberté, n’en avaient été que d’innocents témoins, que les plus jeunes n’étaient pas encore nés. Je vais y aller aujourd’hui d’affirmations plus choquantes encore, ce qui me vaudra, je l’espère, le privilège d’être condamné par ceux qui croient encore à l’existence de ce personnage mythique, le «baby-boomer». 

Appliqué à la famille, le concept de génération est fort sensé et fort utile. La génération des enfants a été précédée de celle des parents, elle-même précédée de celle des grands-parents, etc. À l’intérieur d’une même génération, les plus jeunes d’une même famille peuvent avoir quinze ou vingt ou même vingt-cinq ans de moins que le premier-né. Il arrive parfois que l’ainé(e) d’une famille donne naissance à un bébé avant que sa propre mère n’ait accouchée du petit-dernier. Le cousin ou la cousine sera alors plus âgé(e) que son oncle ou sa tante.

Pour qu’une génération succède à une autre il faut du temps, beaucoup de temps, d’autant plus que les générations se superposent tout autant qu’elles se succèdent. 

Qu’en est-il du concept de génération quand on l’applique à l’ensemble de la société ? Il prend un tout autre sens. On peut d’ailleurs se demander pourquoi l’on se sert du même mot pour décrire deux réalités aussi différentes.  Il y aurait eu au milieu des années soixante, disent certains, une génération qui n’aurait duré que trois ans. Ils appellent ça la «génération X». Aux fumistes qui reviennent périodiquement avec cette idée stupide, je dis : ne parlez pas  de «génération», trouvez un autre mot ! Qu’en est-il par ailleurs de ce qu’on appelle la «génération des «baby-boomers» ?   C’est bien simple, elle n’existe pas ! Les gens nés pendant la période dite du baby-boom, ne forment ni une famille ni une  génération ni un groupe de pression. Le «baby-boomer» est un fantasme. Décrivez-moi un «baby-boomer» et je vous dessinerai une vache martienne ! 

Analysant la situation canadienne, le démographe Jacques Henripin situe en 1946 le début du baby-boom. Le sommet du phénomène fut atteint en 1960 . Il fut plus marqué ici que dans le reste du Canada,  29% des nouvelles naissances ayant lieu au Québec cette année-là.  « On peut fixer à 1966 la fin du baby-boom», écrit Henripin (1)  » Il ajoute plus loin qu’on pourrait même en fixer le terme  à 1976. mais conclut finalement qu’il préfère s’en tenir à 1966. Ouf! Les Québécois qui ont entre 34 et 44 ans viennent de l’échapper belle : ils n’ont pas la gale, je veux dire : ils ne sont pas des «baby-boomers». Mais qu’ils le veuillent ou non, les Québécois nés en 66 ou avant sont des  «baby-boomers», je veux dire : des vaches martiennes. Pour prouver à quelle point l’idée est absurde, imaginons le cas suivant : un individu, homme ou femme,  né en 1946 et qui, en 64, 65 ou 66, a donné naissance à un enfant  est... un(e) «baby-boomer»  papa ou maman d’un(e) autre... «baby-boomer».  Elle est bonne celle-là !    

Résumons. Il y eut un baby-boom. Entre 1946 et 1966, naquirent des centaines de milliers d’individus tous différents les uns des autres, des êtres dont le destin, les opinions, les réussites et les échecs sont d’une extrême variété.  Le concept tarte-à-la-crème de «baby-boomer» que quelques sots nous jettent régulièrement à la figure pour nous empêcher d’y voir clair est précisément destiné à dissimuler la réalité plutôt qu’à nous aider à la comprendre. 

Vous demeurez pourtant persuadés que les personnes nées entre 1946 et 1966 forment une famille unie, un clan solidaire, une cohorte d’enfants gâtés qui se sont servis à pleines mains dans la marmite collective et qui ne lèguent aux générations suivantes que déficits, dettes, désenchantement, désespoir ? Eh bien, c’est pire que vous ne croyez! Le pouvoir des «baby-boomers» n’a jamais été aussi fort que... maintenant!  

Jean Charest, né en  1958; Pauline Marois, née en 1949; Gérard Delteil, né en 1964: trois chefs de parti, trois «baby-boomers» ! Et voici une liste de députés ou de ministres choisis au hasard. Il n’y a pas plus «baby-boomer» que  Bernard Drainville (1963), Michelle Courchesne (1953), Raymond Bachand (1947,) Yves Bolduc (1957),  Pierre Curzi (1946), Jacques Dupuis (1948), Yvon Vallières (1949), Amir Khadir (1961). J’en passe et des meilleurs ! Pas surprenant que ça aille mal au Québec!  Soit, il y en a quelques-uns qui ressortent du lot : François Gendron est né en 1944, Claude Béchard en 1969, Tony Tomassi en 1971.  Ils sont soit trop vieux soit trop jeunes pour être tenus responsable de la situation désastreuse de notre province.

Ça ne va pas mieux au fédéral ! Stephen Harper est né en 1959, Michel Ignatieff en 1947, Jack Layton en 1950, Gilles Duceppe en 1947. Même le président des États-Unis fait partie de la gang,   Barack Obama est né en 1961 !  

Et je ne parle pas des chefs d’entreprise ou des dirigeants de syndicats ! Pas surprenant que ça aille mal dans le monde : les «baby-boomers» sont partout !

(1)  Jacques Henripin, La métamorphose de la population canadienne. Montréal, Éd. Varia, 2003, p. 141.