Jerusalem, Israël - Le gouvernement Netanyahou se trouve aujourd’hui dans l’obligation de prendre des décisions graves pour assurer la sécurité d'Israël. Nous ne pouvons plus demeurer indifférents devant toutes les turbulences qui secouent notre région comme d’ailleurs nous ne pouvons être étrangers à la solution du problème palestinien. L’inaction et l’immobilisme risquent toujours d’aggraver les dangers, et ainsi, pour pouvoir garantir notre défense nous devrions changer à la fois de stratégie et de tactique.
Depuis l’effondrement de l’Empire ottoman, le Moyen-Orient demeure un foyer de crises permanentes, de conflits à répétitions, de coups d’Etat et d’interventions étrangères. Représentant 8% de la population du monde, notre région alimente 70 % du terrorisme planétaire. Dans cette perspective historique et face à la réalité sur le terrain, il est difficile de croire que notre région pourra un jour s’apaiser.
La doctrine américaine selon laquelle des dictatures doivent être balayées et remplacées par des régimes démocratiques n’est pas réalisable dans un monde arabo-musulman dominé par des courants islamistes chiites et sunnites et des tribus archaïques. La guerre civile fait rage en Syrie, Assad est toujours au pouvoir sans que l’Occident ne puisse intervenir pour arrêter les massacres et les actes de barbarie quotidiens. Même la mission de démantèlement des armes chimiques n’a pu être achevée à temps. La Libye est toujours déchirée par une guerre tribale qui dégénère vers le Sinaï et la bande de Gaza, tandis que les militaires en Egypte chassent et emprisonnent les dirigeants des Frères musulmans qui étaient encore récemment au pouvoir. Et en Iran, les centrifugeuses tournent toujours…
Dans la tourmente, l’Amérique d’Obama laisse le champ libre aux extrémistes, refusant le rôle de « gendarme du monde ». Désormais, les Etats-Unis préfèrent l’art de la diplomatie aux interventions militaires. Deux principaux dossiers seront étudiés minutieusement durant l’année 2014 : l’avenir du projet nucléaire iranien et la solution du problème palestinien. En mettant ces deux dossiers en priorité, Obama et Kerry dictent certes l’ordre du jour mondial, mais ils sont aussi mis à l’épreuve. Ils savent qu’un double échec diplomatique infligera un sévère camouflet à leur prestige et pourra mettre un terme à leur carrière politique, mais surtout brisera tout rôle d’influence des Etats-Unis dans notre région et ailleurs. Un affaiblissement de l’Amérique ira contre les intérêts de l’Etat d’Israël.
Dans un contexte d’incertitude, nous devrions renforcer notre force militaire et de dissuasion, tout en poursuivant parallèlement le chemin de la paix. Nous ne pouvons résoudre seuls la question nucléaire iranienne ni non plus les conflits locaux et les problèmes internes des pays arabes qui nous entourent. Cette situation demeurera encore longtemps tant que les sociétés arabes ne parviendront pas de leur propre gré à la démocratie et tant que le peuple iranien ne chassera pas les Ayatollahs du pouvoir étatique. En revanche, nous encourageons les pays arabes comme l’Arabie saoudite à reconnaître l’importance d’un puissant Etat d’Israël capable d’affronter la menace chiite. Dans la même veine, il serait donc sage de former un front commun avec le camp sunnite modéré.
Dans le cadre du processus de paix avec les Palestiniens, il est important que nos alliés américains prennent en considération cet atout stratégique. La récente visite du Président Hollande à Ryad vient de renforcer cette approche.
Cependant, Il est dangereux d’aboutir à un compromis historique uniquement avec les Palestiniens de Mahmoud Abbas en Cisjordanie sans prévoir les réactions futures du Hamas et ses intentions de saboter chaque accord avec l’Etat d'Israël, nous devrions donner à la diplomatie américaine une chance de réussir sans pour autant céder sur des questions sécuritaires existentielles telles que des frontières défendables et le non-retour aux lignes d’armistice de 1949. Après avoir abouti à un accord-cadre avec les Palestiniens, il est souhaitable avant la signature de réunir une conférence régionale dans les paramètres de la Conférence de Madrid conviée juste après la Première guerre du Golfe en 1991. Après l’amère expérience des Accords d’Oslo – il y a déjà 20 ans – nous constatons que l’Autorité palestinienne n’est pas en mesure de garantir l’application d’un nouveau traité de paix même en obtenant des gages américains et européens.
En dépit de la diversité d’opinion et des divergences profondes au sein de sa coalition sur la marche à suivre, le gouvernement israélien demeure pour le moment uni et stable. Il est dirigé par un Premier ministre bien expérimenté qui devrait mettre ses facultés en accord avec la sagesse, la raison et le pragmatisme. Netanyahou qui dirige l’Etat pour la troisième fois est parfaitement conscient du lourd fardeau national. Il se donne corps et âme à son pays sachant que les décisions doivent être prises seul parfois.
Sur la question palestinienne rappelons que six Premiers ministres, dont Netanyahou, étaient prêts à faire des concessions douloureuses ; mais ils n’ont pas réussi à parvenir à la paix avec Yasser Arafat ou Mahmoud Abbas.
Dans quelques mois, Shimon Pérès, 90 ans, achèvera son mandat et Netanyahou devra choisir un nouveau président capable, comme Pérès, d’affronter les menaces et notamment l’isolement et la délégitimation de l’Etat d’Israël dans l’arène internationale.
Dans ce contexte, afin d’obtenir un soutien à notre cause, nous devrions éviter les décisions partisanes et extrémistes. L’annexion d’une partie de la Cisjordanie dont la vallée du Jourdain serait contreproductive et risquerait de mettre en danger notre traité de paix avec les Jordaniens. Des décisions unilatérales telles que le désengagement de la bande de Gaza par Ariel Sharon sont aussi inutiles car elles renforcent les revendications de nos adversaires et encouragent le terrorisme.
L’année 2014 s’annonce aussi imprévisible tant sur l’avenir du régime d’Erdoğan en Turquie que sur la situation explosive au Liban ou la crise syrienne avec l’afflux de centaines de milliers de réfugiés syriens dans les pays voisins.
Enfin, et malgré toutes les difficultés et les menaces, nous pouvons compter sur notre foi dans notre juste cause, sur notre puissance militaire et technologique, ainsi que sur la solidarité inébranlable des nations libre.
Comments
Please login to post comments.