Ce n’est même pas une question. Plus que jamais il faut repenser le féminisme afin de mieux comprendre la condition féminine actuelle. Diane Guilbault, l’auteure de cet extraordinaire petit livre : « Démocratie et égalité des sexes », interroge les liens complexes unissant le corps, la société, les religions, les cultes, les systèmes et les politiques, notamment les accommodements dit raisonnables. L’éducation des filles, depuis toujours, englobe le corps et cerne tout particulièrement le sexe, organe de procréation. Ce faux pouvoir, les femmes l’ont appris par cœur, au travers des siècles de silence, de mimétisme, de séduction. Bref, toutes théories seraient ici une imposture, tant sous couvert d’objectivité, il demeure des idéologies avec une cloison étanche. En effet, impossible d’être optimiste aujourd’hui, tant le port du voile renvoie à des pratiques primitives et hypocrites, où la femme n’est en somme qu’un objet, réceptacle, et où elle n’a sa place qu’en passant par un long, très long règne de la société patriarcale où elle fut absolument évacuée de toutes les scènes, obligée de réinvestir le seul petit bout de territoire qu’il lui restait : la maternité. Presque un tableau lyrique, l’interprétation de ces femmes, intégralement de noir vêtues (ou de blanc), avec une petite fente pour les yeux, marchant sur Jean-Talon, entre deux fils, personnifiant l’agonie de la société actuelle, en danger de mort, ni plus ni moins, est aussi le traité d’éducation mâle intégriste : pour lui, seul ce qui peut être saisi d’un seul coup a droit à l’existence. La perte de repères qui se pointe à l’horizon m’apparait important. En somme, rien de raisonnable dans ces accommodements, où la violence s’entend sur la toile, avec des images du passé arriéré de la condition des femmes, sans doute le symbole d’une stérilité existentielle inversée. Ainsi, l’étrange solitude des femmes, palpable sous ces voiles, invalide également toutes les femmes. Le péril de nos libertés et la fragilité de nos démocraties est bien réel. Le corps féminin, sa validité, sa parole, sa liberté, est menacé; nous nous dirigeons vers la survie du monde. En effet, nous assistons en ce moment aux dernières limites de la société de discours, et le renouvellement de nos valeurs de liberté et de démocratie ne seront pas possibles sans la laïcité. La laïcité de fait, est une caractéristique du Québec moderne. En effet, depuis quelques 40 ans, cette valeur publique fondamentale est liée tant à la démocratie qu’à l’exercice du droit des femmes. Or, comment cela se fait-il que cette laïcité ne soit mentionnée nulle part, dans aucun texte officiel, alors que la liberté de religion est protégée par la Charte des droits et libertés ?
Depuis l’époque épique où les femmes ont luttés courageusement, notamment pour obtenir le droit de vote, jusqu’aux enjeux actuels, desquels on déploient efforts et prouesses en vue d’attirer les femmes dans des postes de haut niveau, survient en même temps le discours du prêt-à-penser multiculturaliste. L’intégrisme et l’islamofascisme est cette idéologie du manque, des interdits en soi et en dehors de soi, voulant détruire toute quête de liberté, toutes aspirations d’émancipation réelles des femmes, pour conduire à cette image monothéiste, monosexuelle, dans un contexte de contraintes dont l’issue est toujours tragique, comme la fin des périodes décadentes. Le pouvoir fait des remises en question à la condition que tout ne soit pas faussé par l’idéologie. Or, en ce moment, le multiculturalisme se nourrit de clichés, qui par définition ont la vie dure. De la même manière, les mythes et autres débilités survivent encore de nos jours : les femmes doivent combattre cela, moralement parlant. Bref, en ce moment, l’importance du débat revient aux femmes. Ensuite, le courage politique doit être cohérent, afin de ne pas accepter de renoncer à la féminisation de la société, au profit des valeurs de partage, rencontres, renouements avec la terre, et autres communautarismes et sectarismes. Bref, se méfier comme la peste des discours islamismes, qui empruntent hypocritement les plus pures tendresses et dont la somme, pourtant, avilit la femme au plus profond de sa fureur, de sa lucidité, et de sa liberté. Le féminisme mute et c’est très bien. Il s’adapte, se transforme, se constitue de nouveaux repères. Nous sommes à l’aube d’un changement de civilisation: ne cherchons pas les modèles, les exemples, ni personne, car ce qui se dessine sous nos yeux est inédit dans l’histoire de l’humanité. Il faut au contraire se retrancher dans nos quartiers, réfléchir intelligemment afin d’établir un plan d’action fort, solide, inébranlable. C’est la fragilité de nos libertés, de nos démocraties, et de nos droits qui sera mise bientôt à rude épreuve. Soyons-en conscientes et conscients: la transparence du discours féminisme doit prévaloir afin de sortir de ce début de cauchemar inqualifiable. Finalement, les femmes ont assez soufferts, depuis la nuit des temps, là c’est assez. Il ne faut pas céder d’un pouce devant le discours islamisant et “fleuri” de bonnes intentions hypocrites. Ici nous avons affaire à un truc de ouf qui ne permet aucune nuance, aucune subtilité dans les faits, nous avons affaires à des barbares qui ne savent que gueuler comme des putois, cogner sur le même clou ad vitam eternam, afin d’enfoncer les femmes dans un trou noir sans fond d’où la lumière même est noire et sale. Oui, nous avons raison d’avoir peur et il faut écouter attentivement cette peur: elle nous avertit d’un danger. Et cette menace doit être prise au sérieux.
Diane Guilbault « Démocratie et égalité des sexes », Sysyphe, Canada, 138 pages.
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