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Pour une vraie commémoration de la Bataille des Plaines - The Métropolitain

Pour une vraie commémoration de la Bataille des Plaines

Par Bernard Amyot le 7 janvier 2010

Le 13 septembre 2009, la tenue d’une commémoration du 250ème anniversaire de la bataille des Plaines d’Abraham aurait été importante pour l’ensemble des Canadiens et ce, à plus d’un titre.  Il est encore temps de faire l’effort pour aller au-delà du délire de la dernière année et vraiment comprendre la falsification historique des indépendantistes à ce sujet.

En février dernier, Pierre Falardeau, Patrick Bourgeois et leurs disciples, porte-étendards extrémistes de l’idéologie nationaliste au Québec, auront eu raison de l’événement projeté à coup de menaces de violence non dénoncées. 

Ceux-là même qui décriaient le «manque de respect et de sensibilité» de l’événement original glorifient maintenant le Manifeste du FLQ.  Cela manque résolument de respect et de sensibilité, notamment envers les familles de Pierre Laporte, James Richard Cross et des nombreuses autres victimes du FLQ.  Se plaisant dans leur rôle de «victimes», ils se réfugient maintenant derrière une attaque à leur liberté d’expression.  N’est-ce pourtant pas exactement ce qu’ils faisaient en février dernier en réclamant l’annulation de la reconstitution de la bataille ?

Rien dans tout cela ne devrait nous faire oublier l’importance le caractère fondateur de cet épisode historique.

La position des indépendantistes se résume à prétendre encore en 2010 que les «Anglais» nous «oppriment», 250 ans après nous avoir «conquis» et qu’ils seraient notre «ennemi» de par leur seule identité ethnique.  Selon cette rengaine, nous ne serions qu’un peuple de «vaincus» et d'«opprimés», des «victimes» d'un «complot anglo-saxon» menaçant notre identité et notre survie en tant que Français d'Amérique.  Toute référence à notre «défaite» ne peut qu'être «humiliante» et «malveillante».  

En filigrane, ils idéalisent le régime totalitaire, monarchique et religieux d’avant 1759, et pas du tout la France républicaine de 1789.  Le drapeau québécois rappelle d’ailleurs cette nostalgie rétrograde et ces idéaux réactionnaires : une croix rappelant le pouvoir temporel de l’Église, avec comme toile de fond les couleurs et l’emblème de la royauté française de l’époque...  Il s’en est fallu de peu pour que le Sacré Cœur n’y figure aussi !

Même en faisant abstraction des manœuvres d’intimidation (qui n’en furent pas moins réelles), cette position est tout simplement revancharde et passéiste.  

Plus troublant encore, ce parti-pris est cautionné sans broncher par les leaders indépendantistes du jour.  Ils marquent ainsi à nouveau le caractère résolument identitaire et exclusif de leur démarche opposant toujours Anglais contre Français, s’accommodant de ce «conflit» pour justifier la victimisation et l’opposition «eux- nous» indispensables à leur théorie de pseudo-libération. 

Une telle rhétorique n’a pourtant plus sa place dans le Canada d’aujourd’hui.  Pourquoi alors encore toujours se réfugier derrière pareil non-sens ?  

Qui plus est, pour la soutenir, il faut nécessairement oublier de grands pans de notre histoire.  En effet, déjà au moment de la Guerre de Sept Ans, les colons français vivant ici s'identifiaient uniquement  comme «Canadiens», ayant depuis longtemps perdu tout réel attachement pour la «mère patrie».  On oublie l’étonnante résilience de ces colons qui devaient composer avec l'incurie de la monarchie française et la domination du clergé catholique, en l'absence d'un État de droit.   Comment peut-on encore aujourd’hui avoir la nostalgie d’une société si arriérée ?

Les nationalistes taisent aussi le fait que le régime de droit criminel anglais de l'époque reconnaissait l'habeas corpus face à toute détention injustifiée.  Pourquoi ne pas plutôt célébrer ce progrès et la fin de l’arbitraire du Régime français ?

L’argumentaire des indépendantistes refuse délibérément de prendre en compte la reconnaissance du français et du droit civil par les autorités britanniques.  Le Gouverneur Murray, dès 1759, s’associait aux Canadiens pour la gouvernance et acceptait le bilinguisme comme modus operandi.

Comme le grand Louis-Joseph Papineau l’a bien dit lui-même à l’occasion de son célèbre discours prononcé lors du décès du Roi George III en 1820 :

«Qu’il me suffise de rappeler que sous le gouvernement français, gouvernement arbitraire et oppressif à l’intérieur et à l’extérieur, les intérêts de cette colonie ont été plus fréquemment négligés et mal administrés que ceux d’aucune autre partie des dépendances françaises[.]

Depuis cette époque le règne de la loi a succédé à celui de la violence, depuis ce jour, les trésors, la marine et les armées de la Grande-Bretagne ont été employés pour nous procurer une protection efficace contre tout danger extérieur; depuis ce jour ses meilleures lois sont devenues les nôtres, tandis que notre religion nos propriétés et les lois par lesquelles elles étaient régies nous ont été conservées; bientôt après les privilèges de sa libre constitution nous ont été accordés, garants infaillibles de notre prospérité intérieure, si elle est observée.  Maintenant la tolérance religieuse, le procès par jury, … le droit de n’obéir qu’aux lois faites par nous et adoptées par nos représentants, tous ces avantages sont devenus pour nous un droit de naissance, et seront, je l’espère, l’héritage durable de notre postérité!»  

Ce détournement de l'histoire par les  nationalistes a aussi l’habile «avantage» d'oblitérer 250 ans de coexistence et de métissage entre autochtones, francophones, anglophones et nouveaux arrivants au Canada.  Pendant la même période, la seule Guerre de Sécession aux États Unis avait fait en quelques années plus d'un million de morts, soldats comme civils. Les Canadiens ont ainsi fait preuve d’un esprit d’avant-garde remarquable, tout comme en accomplissant alors ici en pratique, la Cordiale Entente que Français et Britanniques n’entérineront finalement en Europe qu’en 1904.

De même, il occulte les immenses progrès accomplis depuis grâce aux combats communs des Canadiens de toutes origines pour le gouvernement responsable, la démocratie et l'indépendance face à l’Angleterre.  À ce titre, la reconnaissance constitutionnelle des droits et libertés dans la Charte canadienne des droits de 1981 fait aujourd’hui la fierté de l’immense majorité des Canadiens de tous horizons, les Québécois francophones au premier rang.

Comment ignorer la progression de la langue française au Québec et les bienfaits des protections constitutionnelles de la Charte en faveur des minorités linguistiques notamment en Acadie, au Manitoba et en Ontario, de même que dans les institutions fédérales, toutes réalisées dans le respect mutuel et dans le cadre de la Constitution canadienne ?

Tout cela et bien d'autres progrès qu’aucun retour nostalgique au Régime français ne saurait remplacer.  L'idée que de ne pas parler de l’événement puisse contribuer à «réparer» l’«humiliation» de la «Conquête» n'est qu’asservissement intellectuel. 

Pour paraphraser Tocqueville, le nationalisme a fréquemment pour effet d'endormir les esprits les plus critiques, lesquels sont pourtant impératifs à la survie et à l'épanouissement de la démocratie.

Or, la réalité, fort heureusement, est toute autre.  Il est grand temps de se le rappeler.

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