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Esther Benfredj
Albert Camus: Le portrait d’un juste
Par Esther Benfredj le 6 février 2014
« Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse. » Lorsqu’Albert Camus prononce ces mots le 10 décembre 1957, il est à l’hotel de ville de Stockholm. Le prix Nobel de littérature vient de lui être décerné tandis que la guerre froide scinde le monde en deux blocs ennemis. Camus évoque alors la terrible condition des intellectuels condamnés à la censure dans les pays communistes d’Europe centrale et orientale. C’est à Louis Germain, son instituteur de l’école communale, qu’il dédie son discours de Suède : Camus n’a jamais oublié cet homme qui lui avait transmis, dans sa jeunesse en Algérie, le goût des lettres.