L’été est normalement une saison politique assez calme. Les députés sont rentrés chez eux, les ministres n’annoncent pas de grand projets et le premier ministre fait quelques petites visites ici et là, mais rien de plus. C’est une saison du silence qu’on peut apprécier. Néanmoins, ce vide permet à des absurdités d’attirer l’attention des médias qui ne désirent que remplir leurs pages de journaux ou leurs temps d’antenne. Un exemple de ces absurdités est le cas de Paul McCartney.
Les ténors nationalistes avec Pierre Curzi, le député péquiste de Borduas, ont clamé que la présence de McCartney contribue à dénaturer l’histoire du Québec pendant qu’on fête le 400ème anniversaire de la ville de Québec. Tout cela parce que c’est un anglophone. Normalement, le déchirement de chemises n’aurait fait qu’un article dans une page perdue des journaux. Mais puisque c’est l’été, ce fut le grand sujet. L’absurdité de ces affirmations, qui auraient normalement été mise aux oubliettes, doit être démontrée et je me porte volontaire pour le faire.
Si on fête cette année la fondation de la ville de Québec, on fête aussi la présence française en Amérique du Nord ainsi que l’histoire du Québec. C’est quelque chose qu’on peut célébrer avec fierté. Néanmoins, il y a un univers entre cela et qualifier la présence d’un anglophone aux festivités comme un geste de «colonisé qui rend sa pitance à la métropole». Oui, plusieurs anglophones méprisaient ouvertement les francophones et certains ont tout fait pour retarder l’émancipation de ceux-ci. Mais avant de cracher sur les anglophones, il serait plus juste de regarder l’histoire que les nationalistes aiment tant idolâtrer pour questionner quelle part du blâme il faut allouer. La promotion d’une vision idyllique de la terre ainsi qu’une mentalité centrée autour de l’agriculture n’est probablement pas l'une des actions les plus brillantes des nationalistes. Les francophones qui vivaient en région et qui vivaient de l’agriculture étaient systématiquement à la traîne des anglophones qui constituaient des vastes entreprises. On exhortait les francophones à ne pas aller vers les villes, ce que bon nombre firent. Il fallait rester dans les campagnes puisque les villes étaient un lieu de perdition pour l’âme humaine. Aujourd’hui, on renie les emplois dans les manufactures – ce qu’on trouvait dans les villes - mais la science économique nous enseigne que c’est le premier échelon de la croissance et de la prospérité.
Non seulement faut-il arrêter de tout blâmer sur les anglais pour notre condition jusqu’au début des années 1960, mais il faut considérer l’idée que les anglais ont mis en place bon nombre des des infrastructures économiques nécessaires à l’investissement au Québec.
Maurice Duplessis avait invité massivement les investisseurs Américains et anglophones à venir investir leur capital au Québec. Même si on ne peut pas fermer les yeux sur sa néfaste politique à l’égard des agriculteurs (sans oublier la corruption), c’est tout de même son ouverture au capital étranger (lire : anglophone) qui a permis le développement d’une multitude d’infrastructures économiques. Et que dire des Irlandais et des Écossais qui sont venus massivement au Québec au 19ème siècle et qui se sont assez bien intégrés. Je ne cherche pas à dire que tout fut parfait et joli, je cherche à montrer qu’on néglige la contribution économique des anglophones.
Dénigrez les anglophones tant que vous voulez, mais vous ne réalisez pas qu’ils ont malgré tout contribué à l’histoire du Québec d’une manière positive. On fête le 400ème anniversaire de la première grande ville francophone ainsi que la capitale du Québec et vous trouvez qu’on occulte notre histoire? Vous ne comprenez juste pas l’histoire du Québec ou bien vous faites chercher de quoi vous chamailler.
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