Secteur automobile : une aide éhontée

Par Vincent Geloso le 15 janvier 2009

Depuis plusieurs mois, les accusations à l’effet que le marché serait incapable de se corriger seul se multiplient et appellent à l’intervention massive de l’État.  L’accusation est ridicule puisque, depuis des mois, les gouvernements multiplient les interventions qui empêchent le marché de se corriger.  L’exemple le plus pathétique est celui de l’aide au secteur de l’automobile. 

L’économiste autrichien Joseph Schumpeter a inventé le terme le plus magnifique de la science économique lorsqu’il a mis sur papier le concept de « destruction créatrice », en vertu duquel les nouvelles découvertes innovatrices éliminent les procédés moins efficaces, notamment parce qu’elles parviennent à produire plus avec moins.  Ainsi, le niveau de productivité augmente et davantage de richesses sont créées parce qu’on peut satisfaire plus aisément nos désirs.  Ainsi l’iPod s’est substitué au CD qui a remplacé le vieux disque de vinyle, ou encore le DVD a remplacé la vidéocassette.  Bloquer ce mécanisme, c’est exactement comme si on avait demandé à Apple de ne pas développer l’iPod parce que cela pourrait faire mal à l’industrie du CD.  

Le même raisonnement s’applique à l’industrie automobile.  À la fin de la seconde guerre mondiale, les producteurs étrangers (notamment japonais) ont adopté de nouveaux modes de gestion, de nouvelles technologies ainsi que de nouvelles approches stratégiques qui ont fait en sorte qu’ils sont devenus capables de produire plus efficacement que les producteurs Nord-Américains.  C’est pour cela que les producteurs automobiles d’Amérique du Nord ont vu les producteurs étrangers gruger leurs parts de marché.  Les consommateurs en sont les gagnants principaux, puisqu’ils bénéficient d’automobiles qui sont moins chères (et moins chères à opérer, l’efficacité énergétique des automobiles légères a augmenté de 71% depuis 1973 et l’indice composite d’efficacité de tous les véhicules a augmenté de 43% entre 1973 et 1991).  

Les consommateurs ont donc plus d’argent dans leurs poches, qu’ils peuvent dépenser en faveur d’autres industries ; ils font donc plus avec moins.  Il est encore plus intéressant de comparer les bilans de GM et de Toyota : pour un volume de ventes similaire, GM a accusé des pertes de $38,7 milliards en 2007, tandis que Toyota a déclaré des profits de $17,1 milliards.  Par véhicule, GM a perdu plus de $4 000, alors que Toyota a fait plus de $1 800 de profit par véhicule.  Si Toyota fait un tel profit, c’est parce que cette entreprise offre aux consommateurs ce qu’ils désirent au meilleur prix possible.  General Motors n’en est apparemment pas capable. 

De fait, depuis les années 1970, on s’affaire à aider les producteurs inefficaces de manière considérable par des subventions, des garanties de prêts et même en convaincant les pays exportateurs à restreindre « volontairement » leurs exportations.  Alors que d’autres produisent plus efficacement, on s’entête à envoyer des ressources publiques à des gens qui ne sont pas capables d’en faire un usage productif.  C’est injuste pour ceux qui sont plus productifs, puisqu’on les taxe implicitement en aidant des compétiteurs qui vendent des produits plus cher aux consommateurs qui préfèrent les produits importés. 

Normalement, ces entreprises qui vivent des deniers publics auraient du mourir il y a fort longtemps et le processus de destruction créatrice aurait agi.  Nos ressources limitées auraient servi à produire plus de richesse réelle, nous permettant ainsi de réaliser nos désirs.  Comme le disait Schumpeter, « le capitalisme constitue, de par sa nature, un type ou une méthode de transformation économique et, non seulement il n'est jamais stationnaire, mais il ne pourrait jamais le devenir ».  

Donc, arrêtons de vouloir rester stationnaire en aidant les producteurs qui périclitent inexorablement.

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