La relance économique ne passe pas par l’État (DATE DE PARUTION 18 DÉCEMBRE 2008)

Par Jean-François Minardi le 18 juin 2009

 

Le modèle québécois donne depuis un certain temps déjà des signes d’essoufflement. Ces problèmes sont aujourd’hui comme hier : un État trop interventionniste, une fiscalité trop lourde et une législation du travail qui fait obstacle à l’embauche de travailleurs jeunes et talentueux.

L’économie québécoise ne réalise pas son potentiel.  Le Produit Intérieur Brut réel par habitant  était en 2007 de 5 360 dollars plus bas que la moyenne canadienne et  de19 985 dollars plus bas que l’Alberta, la province la plus riche.  Pour la période 2003-2007, le Québec se classe au 56e rang sur 60 parmi l’ensemble des provinces canadiennes et des États américains pour son taux de chômage moyen. 

Les partis politiques nous proposent des mesures économiques destinées à nous convaincre qu’ils seront les meilleurs gestionnaires de l’État, mais aucun ne propose de projet de société pour le Québec.  Or, ce dont nous avons besoin, c’est d’une vision, d’un agenda de la prospérité qui s’appuierait sur des réformes structurelles ayant pour objectif de substituer le dynamisme de l’économie de marché à la sclérose de l’interventionnisme étatique. 

La bonne nouvelle est qu’il existe une alternative possible qui consiste à créer un climat favorable pour les individus, les entreprises et les investisseurs, en augmentant le niveau de liberté économique au Québec, qui est actuellement en avant dernière position en Amérique du Nord.  Voilà pourquoi, alors que nous connaissons une période d’incertitude économique, les grandes priorités des partis qui aspirent à gérer l’État québécois devraient être de :

1. Réduire les dépenses gouvernementales et le fardeau fiscal des Québécois.  Notre objectif devrait être de devenir compétitif avec nos principaux concurrents en Amérique du Nord.  Cela permettrait de créer une économie plus dynamique, en plus de contribuer à accroître les recettes fiscales du gouvernement.

2. Réformer notre régime fiscal, afin d’avoir recours à une forme d’imposition plus efficace comme les taxes à la consommation, et moins à des impôts qui ont une incidence sur la compétitivité de l’économie comme les taxes sur le capital des entreprises.

3. Rendre le marché du travail plus flexible.  Nous avons un taux de chômage élevé, un important chômage de longue durée ainsi que l’un des plus mauvais résultats en matière de productivité du travail comparativement aux autres provinces ou États d’Amérique du Nord.  Nous devrions réexaminer la législation du travail afin de corriger le déséquilibre entre le pouvoir des syndicats et celui des employeurs. 

Un tel agenda nous permettrait de libérer les forces de la libre entreprise et du marché afin que la créativité et la capacité d’innovation des Québécois puissent s’épanouir complètement.

Mais, dans un contexte de crise économique, la tentation sera grande pour les partis politiques d’adopter des mesures qui seraient largement contre-productives à long terme. Nous pouvons citer à titre d’exemple : 

1. Une augmentation de l’interventionnisme étatique dans l’économie.  Ainsi, le Parti Québécois et l’ADQ souhaitent que la Caisse de dépôt et placement du Québec s’implique davantage dans l’économie québécoise.  Le Parti Québécois propose de confier à la Caisse un fonds d’investissement stratégique de 10 milliards pour prévenir de nouvelles acquisitions d’entreprises québécoises par des intérêts étrangers.  De son côté, l’ADQ considère qu’à rentabilité égale, la Caisse doit donner la préférence aux investissements québécois par rapport à des investissements étrangers.

2. Le piège, en cas de récession prolongée, des déficits temporaires qui deviennent vite des déficits permanents.  Ces derniers ne manqueront pas d’alourdir une dette publique qu’il faudra bien rembourser un jour.

3. Prendre des mesures qui entravent la création d’emplois. Ainsi le Parti Libéral du Québec propose-t-il d’augmenter le salaire minimum. Le Québec a déjà l’un des salaires minimums les plus élevés parmi l’ensemble des provinces canadiennes et des États américains.  Ce type de mesure aura pour effet de rendre le marché du travail plus rigide, ce qui découragera la création d’emploi surtout pour les jeunes et les travailleurs sans qualification.

Pour résumer, nous avons trop tendance à oublier que ce sont les entrepreneurs, et non l’État, qui sont les créateurs des richesses indispensables à notre prospérité.  Ceci est non seulement important pour les individus, mais également pour l’ensemble de la société, dans la mesure où l’identité québécoise ne sera préservée que par une économie dynamique et compétitive, qui aussi ne craint pas la mondialisation mais l’embrasse pour saisir toutes les opportunités qu’elle offre.

 

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