« Le Québec est et sera une Nation à jamais »! Si ma mémoire ne me trahit pas, ce sont les paroles de feu Robert Bourassa à la suite de l’échec des pourparlers du Lac Meech. Loin de toute politique politicienne et me considérant cet immigrant, né dans un pays tiers, élevé en Europe et installé au Canada depuis plus de vingt ans, je ne peux que considérer cette phrase réaliste et vraie. Oui, le Québec est une Nation à part entière. Quant au choix de rester au sein du Canada ou de prendre son indépendance, ce sera aux Québécois et aux Canadiens de le décider ensembles. En ce qui me concerne, je me tiendrai dans cet article d’opinion à expliciter ma vision du Québec que j’aime et les efforts additionnels qu’il devrait entreprendre pour le rendre plus solide sur la scène internationale comme le voulait Paul Gérin-Lajoie.
La réévaluation des variables
Un examen, aussi superficiel qu’il soit, s’impose donc aujourd’hui pour connaître le degré d’avancement de la Belle Province sur la scène mondiale.
a- L’imaginaire immigrant
À priori, lorsqu’on parle du Québec dans le monde, on se heurte souvent à une dualité : Canada versus Québec. Or, pour les immigrants, les investisseurs, les pays tiers, le Québec ne peut être perçu autre qu’une province comme toutes les autres du Canada. Cependant, depuis quelques années et notamment depuis les années 90, et l’ouverture du Québec vers les pays dont les ressortissants parlent français ou sont sujets à une francisation plus facile que d’autres, regardent le Québec avec une sorte de nuance par rapport au Canada. L’exemple le plus frappant n’est autre que les pays de l’Afrique du Nord, mais également le Liban. Ces quatre pays commencent à faire la distinction entre le Canada en tant que tel et le Québec.
b- Le socioculturel et l’économique
Or, pour mieux comprendre la dynamique qui s’est créée avec ces pays en question, il faut examiner l’apport socioculturel et économique. À cela s’ajoutent les particularités de chacun de ces quatre pays, auxquels je limite cette analyse, qui n’est pas pour autant applicable à d’autres pays. Mais la nature de la relation avec le Québec font que ces derniers constituent peut-être le champ d’étude sur lequel les chercheurs/politiciens du Québec devraient se pencher pour en sortir une nouvelle stratégie bénéfique pour le rayonnement du Québec sur la scène internationale. J’exclus la France de cette analyse, car Paris a toujours été et sera toujours une variable analytique à part et particulière pour le Québec. Toutefois, c’est à partir des anciennes colonies françaises et anciens territoires sous mandat français, que la puissance du rayonnement du Québec sur la scène mondiale viendra.
c- La volonté politique du changement
Le problème, ce sont les considérations politiques des différents gouvernements québécois qui ont refusé pour une raison ou pour une autre de ne pas investir dans des délégations du Québec en dehors de la France, ayant la même grandeur de celle de la rue Pergolèse. Certains diront que les considérations économiques y sont pour beaucoup, d’autres soulèveront l’aspect sécuritaire, ce qui n’est pas faux à priori, mais si l’on regarde la présence européenne et notamment française dans lesdits pays, l’on se pose alors sérieusement la question suivante : Pourquoi pas le Québec?
Étrangement, on retrouve des délégations générales d’une taille similaire à celle de Paris, situées aux États-Unis. Je comprends que le commerce entre le Québec et les États-Unis justifie une telle présence québécoise chez l’Oncle Sam, mais de là à ignorer le reste de monde susceptible d’ouvrir de nouveaux marchés devient une erreur en soi et pénalise la création québécoise.
d- La variable « Moyen-Orient »
Je prends l’exemple du Moyen-Orient au sens américain du terme. Si le Québec investit plus dans la mise sur place d’une Délégation Générale importante de la taille de celle de Paris à Beyrouth par exemple, il gagnera sur plus d’un front : Que ce soit celui de la culture où la francophonie internationale est chérie dans le Pays du Cèdre depuis des centenaires, où les universités québécoises, dont l’UQÀM commencent à s’y intéresser de près et à collaborer avec plus d’une université libanaise à travers des échanges de professeurs et autres, ou le commerce avec la présence d’hommes et de femmes d’affaires québécois d’adoption qui font le lien entre le Québec et le Liban, ou tout simplement culturel à travers plusieurs artistes québécois « de souche » qui se sont « risqués » pour triompher au Liban, ou même des Québécois d’adoption qui ont donné au Québec une visibilité accrue non seulement dans leurs pays d’origine mais également au-delà des frontières, tel Wajdi Mouawad… et j’en passe.
Il est impossible de croire que le Québec ne peut pas aller plus loin pour une meilleure réussite tous azimuts. Pensez aux marchés – et toujours pour considérer juste la variable moyen-orientale – qui existent et qui n’attendent qu’une vision et une stratégie adéquate. Par exemple, l’ensemble des pays du Golfe arabo-persique qui compte des secteurs importants à prendre d’assaut par les entreprises québécoises qui s’occupent notamment de l’environnement et des technologies de pointe. Certains se demanderont comment faire? La réponse est simple dans la mesure où les gouvernements du Québec auraient la volonté d’y aller et d’y investir à moyen terme voire à long terme, bien que le court terme peut rapporter énormément surtout pour les PME.
e - La place des communautés « culturelles »
En prenant l’exemple de la communauté libanaise forte de plus de 350,000 individus sur le territoire canadien dont la majorité est installée au Québec et ayant leurs liens plus que solides avec non seulement le Liban mais également le monde arabe, notamment les pays du Golfe où il se trouve que les directeurs des grandes entreprises là-bas sont des Libanais, le Québec pourra bénéficier énormément d’une délégation générale active sur la scène régionale là-bas.
Mais le Liban n’est pas le seul. La richesse du Québec vient également de l’ensemble de ses immigrants. Pourquoi ne pas les faire participer plus souvent à cet effort économique en les poussant à devenir le lien entre leurs pays d’adoption et leurs pays d’origine? Ce faisant, le Québec gagnerait énormément en infrastructures et ressources humaines prêtent à rendre au Québec ce qu’il mérite pour une meilleure activité et prospérité économique dont toutes les parties bénéficieraient.
La place actuelle du Québec sur la scène internationale
Et la place actuelle du Québec dans le monde, me demanderiez-vous? Elle est établie je dirai, mais manque encore de « punch » si vous me permettrez cet anglicisme. Certes, le Québec est devenue de plus en plus connues dans le monde depuis que l’apport de l’immigration allophone a augmenté. Mais la présence culturelle québécoise et celle de l’économique sont encore limitées voire très limitées. Car ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que dans l’imaginaire des immigrants et des étrangers qui regardent vers le Québec, il existe une seule entité puissante de ce côté de l’Atlantique : l’Amérique! Entendez par cela les États-Unis. Le Québec ne devient qu’un joueur tertiaire, dans la mesure où les gens croient que c’est le Canada qui suit derrière « L’Amérique ».
Ainsi, et pour souligner le cœur de ma pensée, je ne peux que répéter ce que le Premier Ministre du Canada, le Très Honorable Stephen Harper a dit au sujet du Québec, que Oui, le Québec est une Nation. Mais comme toute nation, il devra s’affirmer encore plus sur la scène internationale à travers son économie et son savoir-faire professionnel et technologique, mais surtout à travers sa culture particulière face à une France omniprésente et suffocante voire insolente parfois à plus d’un égard, afin que le Québec puisse s’épanouir et sa culture fleurisse et se développe dans ce qui constituait jadis l’empire français, du moins pour commencer et au-delà par la suite….
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