L’actuelle chef du Parti Québécois Pauline Marois fait appel au service de M. Gérald Larose du Conseil de la souveraineté du Québec pour mousser le projet souverainiste avec la tenue d’états généraux. Connaît-on vraiment ce monsieur ?
Il en est d'un homme léger comme d'un vase vide; il se laisse facilement prendre par les oreilles
(Proverbe grec, Démophile, Sentences, VI siècle av J-C.)
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Ce texte vise à décrire de manière critique un courant au sein de l'Église catholique au Québec : les « catholiques de gauche ». Il n'est pas à proprement parler une contribution à la recherche universitaire sur la petite histoire des « catholiques de gauche ». Il tenteplutôt de circonscrire certains épisodes qui paraissent significatifs sur l’un d’entre eux qui nous dirige immanquablement vers une réflexion sur l’antisémitisme, l’antijudaïsme chrétien et l’antisionisme absolu.
Il y a eu peu d'attention de la part des historiens et des chercheurs chevronnés qui sont venus creuser ce sillon. Une malheureuse incapacité d’analyse nous paralyse sur ces sujets sensibles. Également sur les « catholiques de gauche ». La présence de ces catholiques qui sont en osmose avec la « doxa progressiste » peuvent irriter les esprits libres qui cherchent à revoir certaines idées préconçues, surtout depuis la Révolution tranquille. Le temps qui s’écoule nous permet de mieux dégager les inflexions, lesévolutions et les parcours d’acteurs qui ont façonné depuis longtemps notre société québécoise. Ce bref retour en arrière auquel je vous convie nous permet de dévoiler, à partir d’un écrit mémorable, une étrange hybridation qui marque de manière significativel’histoire des idées radicales au Québec.
Pour mener à terme cette entreprise, une figure emblématique intervient. Cette figuresynthétise parfaitement les dérives et les tensions inhérentes au sein de cette mouvance « gauchiste catholique » québécoise. L'ancien syndicaliste Gérald Larose qui était prêtre catholique rédemptoriste bien avant son militantisme syndical est une personnalité qui nous en apprend davantage.. Une courte incursion de ses anciens écrits nous permet d'y poser un jalon manquant à l'histoire du Québec moderne. Une précision s’impose. Il n’est pas question ici de prendre en défaut l’ex-prêtre. Il incombe plutôt de mettre en lumière un article public qui est une partie de notre histoire que l’on aurait tort d’évacuer complètement du paysage historiographique.J'espère me faire comprendre et me faire pardonner en évoquant cette triste période. Surtout par ceux qui sont dans le déni.
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Au Québec, nous avons des « catholique de gauche » qui interviennent dans les débats publics. De toutes sortes et de toutes sensibilités. Il faut en convenir, cette petite mouvance participe à l'élaboration d'une « hétérodoxie québécoise » et se permet même à l'occasion des outrances. Une constante s’observe cependant. Elle ne fait pas l'objet d'attention critique et de mise en perspective suffisante. Gérald Larose, une despersonnalités de cette mouvance, a marqué la « conscience sociale » du Québec moderne non sans susciter de sérieuses interrogations. Le texte qui suit nous aidera à mieux élucider les travers énigmatiques d’un héritage historique discordant qui n’est pas familier.
Il est d’abord important de présenter Gérald Larose.
Né en 1945 à Ham-Nord (région des Bois-Francs), Larose est le septième d’une famille catholique de onze enfants. Il a été travailleur social au CLSC d’Hochelaga-Maisonneuve, spécialisé en organisation communautaire. Il a aussi été tour à tour président de son syndicat local, responsable provincial des CLSC pour la Fédération de la santé et des services sociaux, responsable de l’information au Conseil central du Montréal-métropolitain, puis président dudit Conseil de 1979 à 1982 avant d’être élu premier vice-président de la CSN en juin 1982 et président le 17 septembre 1983. Il a été président de la Centrale des Syndicats Nationaux (CSN) de 1983 à 1999. Il est actuellement professeur invité à l’École de travail social de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et président du Conseil de la souveraineté du Québec. Selon son ex-collègue syndicaliste Michel Rioux, Larose « impose un leadership extrêmement fort non seulement à l’intérieur de la CSN, mais aussi dans l’ensemble de la société québécoise ».
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Sur le plan idéologique, Gérald Larose a un cheminement intellectuel bien personnel. Il annonce les tumultes complexes des écroulements sociaux, religieux et politiques vécus depuis la Révolution tranquille. Les historiens sont peu bavards à son sujet. Grâce à quelques écrits moins connu du public, nous avons la chance de mieux connaître un panmoins idyllique de sa pensée. L’esquisse que je propose nous donnera une vue plus riche, plus contrasté et moins complaisante chez un homme qui a modelé pendant longtemps les « luttes syndicales, sociales et populaires ». Un voyage à travers son itinéraire idéologique devait s’écrire. Au-delà des choses généralement admises et convenues sur lui qui relève d’un « conformisme poussif », il y a un épisode de sa vie publique des années 70 qui mérite un détour.
Avec le bref intermède de sa vie religieuse au sein des rédemptoristes -qui a été pour lui une véritable école de formation intellectuelle et théologique- nous avons la chance d’interroger son militantisme qui l’a amené à changer d’orientation. Dirigeons nous vers une organisation qui a structuré fortement notre illustre personnage.
Ce n’est pour personne un secret de Polichinelle. C’est bien le syndicalisme de la Confédération des Syndicats Nationaux qui « révèlera » la véritable vocation de Gérald Larose. Il retrouvera au sein de la CSN la forme organisationnelle qui l’aidera à structurer son action sociale et ses propres convictions idéologiques. Il est permis toutefois d’explorer plus minutieusement son statut et ses paroles bien avant son arrimage dans l’appareil syndical de la CSN pour retrouver les prémisses d’un segment qui pose des questions peu abordées dans le landernau québécois. Ce segment n’est pas lumineuxdans ce cas-ci. Distinguons le subtil de l’épais, faisons la part des choses et nuançonsdans son contexte. Mais ne restons pas insensibles à une recherche de la vérité sur les hommes. Disons les choses autrement. Mesurons à sa juste valeur les implications d’une parole pamphlétaire de M. Larose qui puise sa source tout à la fois chez les « catholiques de gauche » et plus globalement dans une culture de gauche, propice là aussi comme ailleurs, disons-le franchement, aux excès de toutes sortes.
Les transformations vécues lors de la Révolution tranquille n’ont pas seulement laissé desfractures, mais aussi des persistances saugrenues qui se sont déployées bien au-delà de son projet initial. Un regard nouveau avec la lecture d’un texte de Larose nous ouvre cettebrèche. De brefs moments de dérives s’affirment. L’ex-prêtre et ex-leader syndical qui fascine encore les milieux de gauche n’a pas donné d’autocritique satisfaisante pour la postérité sur ce texte public. Laissera-t-il en jachère une période turbulente de sa vie publique sans un minimum d’éclairage pour les générations futures? Une contribution incombe de faire jaillir à la mémoire l’inavouable.
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