Il y a quelques années j'aimais Montréal... Beaucoup même. Montréal est et a toujours été une belle ville laide.
J'ai aimé cette ville à un point tel qu'à l'époque j'avais joint les rangs de l'équipe du maire Bourque, un maire certes mal aimé, mais qui avait une qualité intrinsèque : celle d'aimer sa ville, c'en était presque charnel. Je me souviens très bien comment à chaque conseil, malgré nos opinions politiques disparates nous avions le sentiment de travailler pour quelque chose de plus grand que nous. Chaque entreprise que nous amenions, chaque tournage international, chaque projet immobilier, chaque événement d'envergure qui s'arrêtait chez nous étaient pour nous une petite victoire.
Et la, il y eut les fusions. Le souhait de départ n'était pas de morceler la ville comme elle l'est présentement. Cette ridicule division a forcé chacun des quartiers à se replier sur lui même, il aura fallu que le controversé maire Ferrandez du Plateau fasse la démonstration par l'absurde des résultats de l'hyperisolement pour que tous allument que ce modèle de balkanisation est tout simplement aberrant.
Comment avoir une vision commune et « brander» Montréal quand cette même ville est incapable de parler d'une seule voix? On se souviendra de la fusion à Toronto. Celle-là aussi avait fait sourciller, sauf qu'une fois faite, le nouveau maire Lastman s'est craché dans les mains et pris comme mission de faire fonctionner sa ville. Ici, qu'avons-nous fait? On a passé des années à se gratter le bobo et en séparant la ville en arrondissements quasi autonomes, le gouvernement du Québec a tué l'âme de Montréal en permettant à chacun de tirer la couverture de son bord avec comme résultat cette ville ingouvernable et sans leader que l'on voir dépérir jour après jour.
Voir Montréal ainsi décliner, quand on est devenu un 450 c'est un peu comme voir son ex qu'on a tant aimé, mais maintenant devenue grincheuse et plus tout à fait aussi jolie qu'avant. Bien sur qu'il y a encore une certaine complicité parce que l'on connait chacun nos points faibles, Schwartz fait toujours le meilleur smoked meat au monde, le café est toujours meilleur dans la Petite-Italie, mais petit à petit nous avons changé, et de moins en moins j'y viens parce qu'elle a tout fait pour nous repousser gens des autres quartiers et du 450. J'aime toujours autant aller prendre une soupe épicée au Saigon, mais en bloquant la rue Ste-Catherine plusieurs mois par année et en me faisant payer pratiquement le prix de mon repas en parcomètre, Montréal nous dit qu'elle ne nous aime plus, qu'elle n'a pas besoin de nous tout en nous jetant au passage un petit regard méprisant.
Montréal je reconnais encore un peu de ce qui faisait que je t'ai déjà aimé, mais je te souhaite de tout coeur de trouver un prochain chum qui t'aimera et te sortira de ta turpitude. Même qu'un peu de « tough love» te fera du bien. En tout cas, ça semble avoir bien marché chez tes copines Toronto et Québec.
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