Au moment où j’écris ces mots, le résultat des élections fédérales demeure encore inconnu bien que la plupart des sondages penche du côté des Conservateurs pour un second mandat minoritaire.
Toutefois, le présent article n’est pas pour commenter le résultat encore moins l’analyser, mais plus pour souligner quelques aspects particuliers de ces élections, notamment en ce qui a trait au Québec et au Canada. En effet, tout au long de cette campagne, les médias n’ont pas cessé de décrire le Québec comme le principal terrain de ‘bataille’ entre les Conservateurs, les Libéraux et les Blocquistes et pour cause : Que ce soit Harper, Dion ou même Duceppe, l’enjeu tournait autour de la notion de la « Nation » québécoise et de la place du Québec au sein du Canada ou même au sein du gouvernement, et donc, une sorte d’un accès au pouvoir, un peu peut-être à l’image du Conseil de Sécurité! Enfin, presque!
Un débat qui limite les perspectives…
Ce qui me conduit à ma première question : Si le débat actuel se limite toujours à celui de la nation québécoise versus le Canada anglais, qu’en est-il des autres francophones à travers le Canada? N’ont-ils pas droit au chapitre de la décision de leur avenir également ou tout simplement de leur appartenance ou non à cette « Nation »? Que ce soit les Acadiens ou les Franco-Ontariens ou ceux qui habitent les autres provinces et territoires du Canada, la décision de souscrire à la définition du Premier Ministre sortant (entrant), celle de considérer le Québec comme étant une nation au sein du Canada, n’est pas nécessairement approuvée par l’ensemble de la population francophone, d’autant plus que si l’on parte du principe que le Canada ait été fondé par les deux nations européennes, française et britannique et les Autochtones qui y habitaient le territoires, les descendants de ces populations qui se seraient dispersées à travers le Canada actuel détiennent théoriquement toujours le droit de réclamer leur appartenance à ces peuples fondateurs et donc prétendraient que la nation « canadienne » est également francophone. En d’autres termes, pourquoi pénaliser les autres francophones du Canada pour satisfaire uniquement une partie même majoritaire en limitant l’appartenance du la nation francophone à la seule notion québécoise?
Et les autres?
À cela s’ajoute également les autres « Québécois » et « Franco-Canadiens » dont en fait, l’immigration au Canada est très récente. Ces derniers, n’étant pas nécessairement de descendances européennes, mais proviennent d’anciennes colonies ou protectorats français et chérissent, si non plus, la langue de Molière que les Québécois eux-mêmes! D’ailleurs, s’ils ont choisi le Canada et le Québec surtout, c’est principalement à cause du fait français. Alors, que dire d’eux? Ont-ils droit au chapitre du choix entre la notion de la « Nation » et son identité « québécoise » ou « canadienne »?
Ce qui est pour le moins stressant pour ces populations, notamment en temps d’élections, c’est que les politiciens leur font appel et les qualifient de ‘Québécois’ ou de ‘Canadiens’ à part entière, alors qu’en réalité, la majorité d’entre eux a du mal à se faire accepter en tant qu’égale des « Québécois de souche » ou même des autres citoyens du pays! Ce ne sont pas les exemples qui manquent… notamment en matière d’intégration au travail!
Ce qui m’emmène à ma seconde question : Quelles sont leurs orientations politiques et Comment voteraient-ils durant les élections?
Le choix des « immigrants »!
C’est sans doute la question principale que les chefs des partis politiques se sont posés ces derniers jours… et pour cause, le vote ethnique, aussi étrange que cela puisse paraître, est d’une importance majeure, malgré le fait que les politiciens ne semblent – du moins pour la plupart – intéressés par le prendre au sérieux. À part l’équipe Harper et le NPD, les autres chefs des partis semblent avoir pris pour acquis le vote ethnique, chacun à travers sa vision de l’importance à accorder ou non à telle ou telle communauté. Le problème, c’est que généralement, les communautés culturelles et notamment celles dont la majorité est constituée de personnes de la première génération, c’est-à-dire des personnes qui sont nées à l’étranger et se sont établies par la suite au Canada, examinent avant tout la politique étrangère du gouvernement avant de décider pour qui voter. C’est le cas du moins des communautés issues du Proche et Moyen-Orient, où le vote est traditionnellement orienté du côté des Libéraux. Ces dernières se sont – du moins selon les rumeurs qui circulent – détachées des slogans libéraux pour aller voter pour Harper – pour celles parmi elles qui ont vu en la politique étrangère du présent gouvernement un salut pour leur cause, notamment les Chrétiens du Proche et Moyen-Orient et une bonne partie des communauté juives, notamment les Sépharades – et pour le NPD de Layton pour celles qui ne croyaient plus au message des Libéraux pour qui elles votaient traditionnellement – principalement les communautés musulmanes moyen-orientales et nord-africaines.
Ainsi, l’on se demande après tout si les candidats choisis par les différents partis politiques et qui proviennent de communautés culturelles sont véritablement représentatives de la volonté des leurs! Un examen des résultats donnerait à priori un début de réponse à cette question. Ce qui nous pousse à croire qu’une étude scientifique est sérieusement nécessaire pour comprendre l’apport de ces communautés dans une prochaine élection, fédérale soit-elle ou provinciale, d’autant plus que selon les chiffres à notre disposition, un Montréalais sur quatre est né à l’étranger. Un pourcentage qui avoisine les 40% en Ontario et les 60% à Vancouver!
Ce qui me pousse à poser ma dernière question pour cet article : Pourquoi les élections tournent autour du seul chef comme si les autres candidats n’existaient pas?
Au-delà du charisme du seul « Chef »…
En effet, toute la campagne électorale était principalement basée sur le « Chef », comme si les autres candidats n’existaient qu’en complément! Même le programme du (des) parti (s) en tant que tel était étroitement lié à la vision du Chef. Or, nous l’avons vu, lorsque Stéphane Dion est sorti de son rôle d’unique acteur, pour permettre aux autres « chefs » du PLC de passer à l’action, le résultat n’était que plus positif. D’ailleurs, c’est grâce à l’intervention des ténors du parti libéral que les sondages sont remontés pour le PLC. Alors, faut-il vraiment baser les campagnes électorales sur la performance du chef uniquement? Qu’en est-il de ces autres candidats, pas nécessairement les ténors ou les aspirant à la chefferie, mais celles et ceux qui, malgré tout, ont ou peuvent avoir également leur mot à dire dans ce genre de campagnes, voire réussir quelquefois là où leurs chefs ont échoué, notamment lorsqu’il s’agit de rallier certaines communautés à leurs programmes… Ce qui me ramène à ma précédente question, pourquoi ne pas permettre pleinement par exemple, aux candidats issues des communautés culturelles de mener leurs propres campagnes sur des thèmes propres à leurs communautés lorsqu’il s’agit de mobiliser ces dernières pour aller voter pour le parti de leur choix? Pourquoi ne pas leur permettre d’avoir leur propre message de campagne, quelque chose qui puisse avoir un sens pour les siens au lieu d’un message copié-collé sur celui du « Chef »? D’aucuns diront que cela ne pourrait se faire car le candidat est avant tout pour toute la population de la circonscription pour laquelle il se présente. Cela est théoriquement vrai, mais qu’en est-il alors de sa communauté dont le nombre justifie une démarche particulière afin de dire enfin que ces communautés font véritablement partie de la « Nation » canadienne était-elle ou québécoise! Au moins personnaliser le message qui leur est destiné!
L’interaction, un chemin obligatoire
Aujourd’hui, et plus que jamais, l’interaction entre les différentes communautés qui constituent le Québec et le Canada est importante afin d’éviter des événements qui toucheraient à la sécurité du pays… Éviter le modèle de la banlieue parisienne (ou même celui de Montréal Nord) et bâtir le citoyen au vrai sens du terme devrait être une priorité du prochain gouvernement fédéral avec l’appui de toutes les provinces et les territoires. Le modèle « trudeauiste » du multiculturalisme doit être revu et corriger pour une meilleure harmonie entre les différentes communautés et pour qu’il y ait une appartenance pleine et entière à la notion de citoyenneté canadienne. Le second choix serait alors l’appartenance linguistique, où la notion de la « nation » serait répartie entre le Canada anglophone et le Canada francophone incluant le Québec. D’où ma dernière question à laquelle je vous demande de répondre : À quand un parti fédéral francophone dédié uniquement à la défense des intérêts des francophones à travers le Canada.
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