Lu: Omaha beach

Par Louise V. Labrecque le 10 juillet 2008

6 juin 1944.  Omaha Beach, Omaha « la sanglante », est l’une des cinq plages du débarquement de Normandie, lors de la Seconde guerre mondiale.  Le jour J, Bloody Omaha sera le lieu des plus lourdes pertes américaines.

C’est dans le cimetière américain d’une petite ville de Normandie appelée « Colle-sur-mer » que débute ce grand roman de Catherine Mavrikakis, Omaha Beach.  Plusieurs années après le débarquement allié, une famille venue d’Amérique se rend pour la première fois sur la tombe de deux des siens, morts à vingt ans, avant même d’avoir foulé le sable d’Omaha Beach.  Ici, dans ce lieu de mémoire, les morts ne reposent pas en paix.  Ce cimetière, surplombant la mer, fascine le lecteur, dès les premières phrases du récit.  Assurément, un roman différent des autres.  Ici, la mort aura le dernier mot.

Une autre des raisons pour lesquelles ce roman est original est qu’il se situe littéralement dans l’outre tombe !  Tout cela a un vague relent de drame lyrique, à juste titre : un oratorio.  En effet, le livre situe l’action dans une journée.  Une seule journée, mais quelle journée !  C’est un livre déconcertant.  C’est ce tête-à-tête de l’homme avec la mort, avec sa mort, dans le dépouillement de sa propre vie, qui ressemble, chez Mavrikakis, à une épée de Damoclès.  On se sent tous concernés, sans aucun prêchi-prêcha.

Ainsi, une famille, soixante ans après le débarquement de Normandie, revient sur les lieux, en pèlerinage, à la recherche de Victor et Paul, frères jumeaux, morts loin de chez eux.  Le lecteur accompagne cette famille parmi les croix blanches, sans se douter que, la nuit venue, tous ces fantômes sortent de terre, pour vivre leur vie de jeunesse !  On assiste donc à des scènes qu’il vaut mieux ne pas raconter à maman.  Bref, on revient à peine de sa surprise quand surgissent naturellement des questionnements existentiels sur le deuil.  La famille, venue là pour se donner bonne conscience, devra se livrer à un jeu de la vérité.  Plus rien n’est maintenant anonyme, et c’est avec franchise que le désespoir et la mort conjurent, par l’extravagance des scènes, ce fantastique sujet.  La mort, pour cette jeunesse, c’est pire qu’une vie sans amour.  9 387 tombes !  Cela pourrait presque paraître absurde si seulement ce n’était pas vrai.  En un sens, à l’heure où nos soldats canadiens répondent encore à l’appel de la guerre et meurent au loin, il est vrai d’affirmer que les plages de la Normandie continuent à nous hanter.

En tout cas, on ne pourra pas reprocher à l’auteure, qui a su faire la preuve de grands talents, de faire dans la dentelle.  On a affaire ici à une imagination débridée.  Sur 124 pages, tout est écrit comme une pièce de théâtre.  Après quelques pages denses, les conversations s’engagent, et les mots servent aussi bien à masquer qu’à dire la vérité.  Cette histoire est poignante, car elle est vraie, mais également romancée, un plaisir d’expression prend donc souvent la place principale, malgré la nécessité de dire, de décrire, cette réalité désastreuse, ce 6 juin 1944.

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