L'équivalence morale, ou l'hypocrisie occidentale

Par Jacques Brassard le 2 septembre 2009

Il est coutumier, en Occident, dans les médias, chez les universitaires s'affichant experts et dans la classe politique, de pratiquer, à l'égard du conflit israélo-arabe, ce qu'on peut appeler l'«imposture de l'équivalence morale». Un exemple récent: l'opinion d'un ancien Premier ministre du Québec, Bernard Landry, dans sa chronique publiée par la revue La Semaine.

Concrètement, l'équivalence morale signifie une culpabilité également partagée, une mauvaise foi également répartie, une intransigeance également intraitable. Vous voyez le topo: Israéliens et Palestiniens, tous dans le même sac! Ils sont tous fautifs, pleins de haine. C'est là, reconnaissez-le, une posture facile et combien rassurante puisque ça vous dispense de prendre parti. C'est cependant une attitude parfaitement odieuse et méprisable.

 

Négociations

De plus, Bernard Landry se félicite de la «providentielle élection d'Obama». Le nouveau Président, il en est convaincu, va offrir en cadeau la paix au Moyen-Orient. Voilà un optimisme qui confine à l'angélisme. Parce qu'aucune paix ne saurait surgir de l'équivalence morale. Or, le Président américain a justement fondé sa politique sur l'équivalence morale entre Juifs et Palestiniens.

Convenons, toutefois, que la pratique de l'équivalence morale n'est pas un phénomène récent. Il est sans cesse présent dans l'Histoire. En 1938, à Munich, la France et l'Angleterre se sont déshonorées en mettant justement sur le même pied, d'une part, le régime nazi, raciste, totalitaire, militariste, fourbe et, d'autre part, les États démocratiques. On sait fort bien ce qu'il advint: la Tchécoslovaquie fut avalée par le Reich et la Paix rata son rendez-vous.

Obama, lui, n'hésite pas, pour asseoir son équivalence morale, à dénaturer l'Histoire en adhérant au mensonge arabe sur Israël. Pour les Arabes, Israël est, en quelque sorte, le fruit de l'Holocauste. L'Occident, se sentant coupable du génocide de 6 millions de Juifs, aurait cherché l'apaisement de sa conscience en créant l'État d'Israël. Les Juifs n'auraient donc aucun droit sur la terre d'Israël du point de vue légal, historique et moral. Obama, dans son discours du Caire (une inconvenante et fantaisiste louange de l'islam) légitime cette mystification comme, d'ailleurs, tous les antisionistes et antisémites occidentaux.

 

Foyer national juif

Pourtant, comme l'écrit Caroline Glick, la «communauté internationale a reconnu les droits légaux, historiques et moraux, du peuple juif bien avant que quiconque n'ait jamais entendu parler d'Adolf Hitler. En 1922, la Société des Nations avait mandaté la «reconstruction» et non la création du foyer national juif sur la terre d'Israël dans ses frontières historiques.»

L'autre volet de l'équivalence morale consiste à se focaliser, de façon quasi exclusive, sur la question des implantations juives en Judée-Samarie tout en occultant pudiquement le refus systématique, depuis 60 ans, des Palestiniens de reconnaître à Israël le droit à une existence légitime.

Enfin, les adeptes de l'équivalence morale mettent sur le même pied les actions et les opérations de défense d'une population agressée et le terrorisme aveugle et barbare des phalanges islamistes. Pire, écrit Caroline Glick, «de façon odieuse et mensongère, Obama a allègrement comparé la manière dont Israël traite les Palestiniens à celle dont les esclavagistes blancs en Amérique traitaient leurs esclaves noirs. De façon plus ignoble encore, en utilisant le terme de «résistance», euphémisme arabe pour désigner le terrorisme palestinien, Obama a conféré à celui-ci la grandeur morale des révoltes des esclaves et du mouvement des Droits civiques.»

 

Spectateur euphorique

Face à ce triste spectacle, quelle est, pensez-vous, la stratégie de Mahmoud Abbas, le chef du Fatah et président de l'Autorité palestinienne? Ne pas bouger! Se mettre en attente! Ne rien donner. Se faire spectateur euphorique de la manoeuvre du Président américain installant Israël, comme l'écrit Guy Millière, «en position de bouc-émissaire, puis de victime expiatoire». Inutile de vous dire qu'une telle politique est vouée, dès le départ, à l'échec. À moins que l'État hébreu soit devenu subitement suicidaire...

Ceux qui, tel Obama (et Bernard Landry), adoptent la posture de l'équivalence morale dans le conflit israélo-palestinien sont convaincus de choisir la sagesse, la neutralité, l'équité. En fait, ils prennent parti pour les Palestiniens; ils inversent les rôles, l'agressé devenant l'agresseur.

L'écrivain Pierre Jourde a sans doute raison d'écrire qu'au fond, trop d'Occidentaux perçoivent comme un scandale insupportable le fait qu'«une poignée de Juifs transforment un désert en pays prospère et démocratique au milieu d'un océan de dictatures arabes sanglantes, de misère, d'islamisme et de corruption». C'est trop contraire à la réconfortante équivalence moral.

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