Philippe Val, Reviens, Voltaire, ils sont devenus fous, Paris, Grasset & Fasquelle, 2008, 300 p.
Philippe Val est directeur de Charlie Hebdo, heddomadaire satiriste français dont la réputation s’est étendue à toute la planète après la publication, le 8 février 2006, des douze caricatures de Mahomet qui avaient paru pour la première fois le 30 septembre 2005 dans le journal danois Jyllands Posten. Objet de poursuites de la part de la Grande Mosquée de France, de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) et de la Ligue Islamique Mondiale pour « injure publique à l’égard d’un groupe de personnes à raison de leur religion », Charlie Hebdo sortit vainqueur d’un procès qui fut tenu les 7 et 8 février 2007, jugement confirmé le 12 mars 2008 par la cour d’appel. « Étrangement, note Philippe Val, plus d’une fois, j’ai trouvé mes meilleurs avocats parmi des religieux ou des laïcs d’origine musulmane, et mes accusateurs les plus radicaux dans la mouvance d’extrême gauche... »
Justement classé à gauche dans l’éventail politique français, Val s’était déjà fait avant 2006 de nombreux ennemis... à gauche ! Ses prises de position successives lors de la guerre du Kosovo, de l’affaire du voile - il était favorable à la loi interdisant le port des signes religieux à l’école, de la deuxième intifada, de l’affaire Dieudonné, du référendum sur la constitution européenne, etc., lui avaient déjà aliéné la sympathie de ceux qu’il décrit ainsi dans son livre : « [...] une gauche altermondialiste violemment antiaméricaine et anti-israëlienne, qui voit secrètement dans l’islamisme radical le seul élément déstabilisateur de l’Amérique et d’Israël. »
Plutôt discrets lors de l’affaire des caricatures (il aurait été gênant de prendre ouvertement le parti de fanatiques religieux qui combattent la liberté d’expression), les petits amis des islamo-fascistes se sont déchaînés l’an dernier lors de l’affaire Siné, le célèbre caricaturiste qui dut quitter Charlie Hebdo après avoir refusé de s’excuser pour un texte où il reprenait à son compte, dans une attaque personnelle contre Jean Sarkozy (le fils du président de la République était fiancé à une Juive), le poncif éculé qui associe les Juifs à l’argent. Daniel Cohn-Bendit dira à Philippe Val, propos rapportés dans le livre : « Le lien entre Juif et argent, c’est la base de l’idéologie nazie. Et ça en Allemagne, c’est fini. Un dessinateur se serait fait virer pour ça, personne n’aurait levé le petit doigt pour le défendre. » En France, Siné a trouvé une foule de défenseurs. Il a été reconnu depuis que Siné a toujours été antisémite, mais son départ de Charlie Hebdo a déclenché contre Val une véritable campagne de haine.
Certains ont voulu voir dans l’affaire des caricatures et dans l’affaire Siné des causes symétriques, à cette différence près qu’il serait interdit de critiquer les islamistes alors qu’il serait permis de dire n’importe quoi à propos des Juifs. « Lorsqu’on me tanne avec l’histoire des deux poids deux mesures, répond Philippe Val, je suis toujours obligé d’expliquer que ce n’est pas la même chose de s’attaquer aux hommes à travers leur origine, et de s’attaquer aux idées. [...] On ne veut pas voir la différence entre critiquer une religion parce qu’elle est manipulable par des terroristes à qui elle sert d’outil de propagande et dire “sale Juif riche” ».
Relisant le chapitre intitulé « Islamo-nazisme » (qui est sans doute le plus percutant de l’ouvrage), je revois soudain l’image, chez nous, d’un INNOCENT (comédien célèbre) brandissant fièrement le drapeau du Hezbollah, celle également de deux INNOCENTES (l’une présidente de centrale syndicale, l’autre co-chef d’un parti politique) paradant en compagnie de vociférateurs pro-Hamas. S’il revenait sur terre, Voltaire aurait quelques leçons à servir aux faux amis des Libanais et des Palestiniens. Mais sans doute ces sinistres plaisantins l’accuseraient-ils alors d’islamophobie.
À lire absolument !
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