Fouetter le chat pour que le chien cesse de japper

By Pierre K. Malouf on January 7, 2010

Avant et depuis son implantation dans les écoles québécoises, le cours Éthique et culture religieuse (ÉCR) est mitraillé de critiques venant de tous les côtés : catholiques traditionnalistes, défenseurs de la laïcité, nationalistes «identitaires», etc.  Ces tirs croisés n’ébranlent en rien la flopée de théologiens qui dirigent en sous-main notre système scolaire, mais tant pis !  Continuons de répéter  que le roi est nu.

Faisant ma modeste part, j’ai publié  il y a un an deux articles dans lesquels je dénonçais ce cours qui étouffe l’esprit critique de nos enfants dans la guimauve du «vivre-ensemble».  Je suis revenu  à la charge il y a un mois : « Entre la superstition et la connaissance rationnelle, l’école québécoise a fait son choix. À bas la pensée logique, vive  la pensée magique ! » Je proteste en vain, mais que voulez-vous, le mal devient de plus en plus profond, tout le monde s’en rend compte. C’est comme la réforme scolaire : plus le temps passe, plus il faut la dénoncer.

confused-childbw.jpgL’Institut de recherche sur le Québec (IRQ) vient d’ailleurs de publier une étude de Mme Joëlle Quérin qui a déjà fait l’objet de nombreux commentaires. Hélas,  il s’agit d’une « analyse biaisée (1) »,  d’une « erreur de lecture (2) », je dirais même d’une entreprise de récupération. Mme Quérin conclut : « [Le cours d’ÉCR] impose une nouvelle définition de l’identité québécoise fondée sur le chartisme qui interdit, dans le cadre du sacro-saint “dialogue”, l’expression des opinions nationalistes. »  Le cours ECR est sourd, aveugle, anosmique et cul-de-jatte, mais Mme Quérin ne retient de ses tares que celle-ci : il fait de l’acné ! Avez-vous remarqué ? Elle reprend ici une opinion plusieurs fois exprimée par Mathieu Bock-Côté, qui est, comme par hasard, directeur de la recherche à l’IRQ ! 

On ne le dira jamais assez : le programme ÉCR mérite le procès qu’on lui fait. Et tous les accusateurs sont les bienvenus.  Mais condamner pour recel un coupable de viol, c’est fouetter le chat  pour que le chien cesse de japper. L’article du Devoir auquel je fais référence démolit d’ailleurs l’interprétation de Mme Quérin. Grand apôtre du cours ÉCR, Georges Leroux, qui est souverainiste, s’oppose au multiculturalisme ! Entre-temps, Pauline Marois, qui est dans ses petits souliers, retire le dossier des mains de Pierre Curzi, qui, dans l’enthousiasme du moment, avait donné raison à Mme Quérin... puis le lui rend. C’est Mme Marois, souvenons-nous, qui forma en 1997, le GROUPE DE TRAVAIL SUR LA PLACE DE LA RELIGION À L’ÉCOLE présidé par Jean-Pierre Proulx, comité qui, le 29 mars 1999, déposa son rapport devant un autre multiculturaliste notoire, François Legault. Quel service M. Legault n’aurait-il pas rendu à ses concitoyens en le déposant sur une tablette ! Non, il fallait que la religion rentre à l’école par la grande porte! Le chemin était tout tracé pour les ministres libéraux qui ont succédé aux ministres péquistes. Pour Mme Quérin, le pire défaut de tout ce beau monde c’est d’être multiculturaliste!

La critique laïciste du cours ECR demeure toujours la plus pertinente : lier dans un même cours éthique et religion est une infamie ; associer culture et religion, une entourloupette  ;  cimenter  le tout sous le signe du dialogue et de la bonne entente, un tour de prestidigitation. Si vous voulez que règne la bonne entente, ne parlez pas de religion if you please ! Les religions ne cessent de nuire au vivre-ensemble que lorsqu’elles sont remises à leur place ! Les religions n’ont été inventées que pour s’entre-détruire, les religions sont exclusives l’une de l’autre. Tant qu’à parler de religion à l’école c’est ça qu’il faudrait dire à nos enfants. Culture religieuse...  ça existe, oui... Mais c’est plutôt de culture tout court qu’il faudrait parler, sans nier évidemment que la religion en est une composante. En fait, le meilleur service qu’on pourrait rendre aux religions, c’est de les exclure entièrement  de l’école, ou du moins de n’en parler qu’à partir du secondaire dans le cadre d’un cours d’histoire. On y analyserait les sacrifices humains des Aztèques, le massacre de la Saint-Barthélémy, les hécatombes inter-religieuses qui accompagnèrent l’accession de l’Inde à l’indépendance, le sort des mères canadiennes-françaises qui n’obtenaient du curé la permission d’empêcher la famille qu’après avoir mené à terme une douzaine de grossesses et mis au monde trois futures nonnes, deux futurs frères, un futur bonze du futur ministère de l’Éducation.  

(1) « Une analyse biaisée », La Presse, 16 décembre 2009. p. A 35.

(2) « Critique nationaliste : une erreur de lecture », Le Devoir, 16 décembre 2009, p. A 11.


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