Une élégie empreinte d’ironie

Par Alidor Aucoin le 4 septembre 2008

Dans la plus récente pièce de Michel Tremblay, Le Paradis à la fin de vos jours, présentée au Théâtre du Rideau Vert jusqu’au 6 septembre, le paradis est loin d’être ce à quoi on pourrait s’attendre. Comme le dit l’auteur, on n’y voit pas grand-chose (en fait, on voit rien pantoute, dit-il), le bon Dieu est toujours aussi occupé et inaccessible ici qu’il ne l’est pour ceux qui le prient sur Terre, et le fait de retrouver ceux que l’on aime n’est pas aussi rassurant qu’on voudrait bien le croire.

Écrite spécialement pour sa muse, Rita Lafontaine, pour commémorer le 40e anniversaire des Belles-Sœurs, la pièce qui l’a fait connaître, Le Paradis est une élégie empreinte d’ironie à Rhéauna Rathier, la mère de l’auteur, décédée avant que Michel Tremblay ne devienne le dramaturge canadien le plus connu.

Rita Lafontaine y joue le rôle de la Nana de l’imaginaire de Michel Tremblay, la même Nana de la pièce Encore une fois, si vous le permettez, qui fut présentée la première fois pour fêter les 30 ans du Rideau Vert. L’auteur a retravaillé certaines parties provenant d’autres pièces, en a pris d’autres de ses romans au sujet de sa mère et y a ajouté du nouveau matériel. Il en résulte une méditation parfois prétentieuse autant que juvénile sur la vie dans l’au-delà, parsemée de doutes quant à la piété religieuse sur Terre. Mais c’est un rôle en or pour Rita Lafontaine qui, sur une scène dénudée, donne une performance éblouissante qui n’est pas sans rappeler La Sagouine, d’Antonine Maillet.

Et même si ce n’est pas du Tremblay du meilleur cru, les réflexions de Nana sont toujours divertissantes. Libérée enfin de toutes ces maladies qui la rongeaient sur Terre, elle parle librement de tout ce qui lui tient à cœur ou qui l’énerve. Pieds nus, les mains sur les hanches, elle s’adresse directement à l’auditoire et nous fait voyager dans une époque révolue où les épouses canadiennes-françaises découvraient de nouvelles façons de se libérer de même que du sentiment de culpabilité qui accompagnait ces entorses à leur foi catholique romaine lorsqu¹elles saisissaient ces occasions.

Le nom de Frédéric Blanchette est inscrit comme metteur en scène mais il a eu bien peu de choses à mettre en scène car Rita Lafontaine est si vraie dans la peau de Nana que si elle n’est pas véritablement la mère de Michel Tremblay, elle est la parfaite mère porteuse de son œuvre.

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